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L’été à Montréal

Lorsque je dis que je vis au Québec, un tas d’images semble se bousculer dans l’esprit de mon interlocuteur étranger. En vrac : Céline, Garou, les indiens, les bûcherons et… l’hiver ! D’ailleurs, cette association entre le Québec et l’hiver est tellement forte, tellement ancrée dans les esprits, que la plupart ont beaucoup de mal à imaginer ce pays sans son épais manteau blanc… Histoire de remettre les pendules à l’heure, je vais vous parler de l’été à Montréal. Certains d’entre vous risquent d’être surpris !

Bien sûr, le Québec, c’est d’abord un hiver long et rigoureux, en tout cas par rapport à ce que l’on peut retrouver en Europe occidentale. J’aurai l’occasion d’y revenir dans quelques mois, mais il s’agit bien d’une saison à part.

Pour l’été, dois-je dire que cela a été ma principale surprise, pour ne pas dire mon principal « choc » depuis que je vis ici ?

J’avais bien passé un mois et demi en août et septembre 2000 pour découvrir le Québec, mais j’avais bénéficié, semble-t-il, de températures plus douces que la normale. À part deux ou trois journées très chaudes, je n’avais pas eu à souffrir des fortes chaleurs.

Ce fut alors une grande surprise de vivre l’été 2002, sous une chaleur intense. Et lorsque je parle de chaleur intense, « accablante » comme le disent les météorologues d’ici, je parle vraiment de chaleur tout ce qu’il y a d’inconfortable.

Autant mettre les choses au clair dès le départ, mes origines normandes n’y sont pas pour grand-chose. J’ai passé pratiquement tous mes étés durant plus de 15 ans à Cannes et même si j’ai souvent eu chaud, je n’ai jamais eu à subir l’inconfort que je connais parfois ici.

D’ailleurs, en parlant de la Côte-d’Azur, voici un comparatif intéressant entre les températures maximales moyennes à Nice et celles constatées à Montréal durant l’été (ce sont les données météorologiques moyenne des trente dernières années) :

juin juillet août
Nice (France) 23° 26° 27°
Montréal (Québec) 23° 26° 25°
Toulouse (France) 24° 27° 27°

(Sources : MétéoMédia et Météo-France)

Les températures à Montréal en été, sont donc identiques à celles de Nice, si l’on met de côté le maigre deux degrés d’écart du mois d’août. Elles sont équivalentes également à celles de Toulouse. Vous comprendrez alors notre embarras lorsqu’un Français, encore en France, nous demande fin juin, début juillet, si l’été a enfin débuté chez nous !

Non, il ne neige pas en juin au Québec. Nous avons bien enlevé nos tuques (bonnets de laine) en juillet et plus aucune motoneige ne circule en août ! Au contraire, il fait beau et chaud en règle générale durant ces trois mois d’été.

Mais alors, d’où vient cette différence avec la Côte-d’Azur ? D’où vient cet inconfort ?

Le climat de l’Est canadien, c’est une histoire entre deux masses d’air. L’hiver et sa masse d’air arctique qui descend le long du Labrador, apportant un froid sec et parfois intense, et l’été, une masse d’air chargée d’humidité venant tout droit du golfe du Mexique. La masse d’air se charge d’humidité dans les tropiques et remonte lentement toute la côte Est américaine pour se désagréger progressivement dans le Nord canadien.

Eh oui, le climat d’ici n’est pas tempéré. Vous le saviez déjà pour l’hiver, vous le savez maintenant pour l’été !

En Europe occidentale, lorsqu’une masse d’air humide arrive sur le continent, elle est accompagnée la plupart du temps par une baisse des températures. Ainsi, la chaleur relativement sèche laisse la place à une fraîcheur plus humide. Les Européens de l’Ouest ne souffrent donc pas trop des effets de l’humidité, puisqu’elle n’est pas associée à de grosses chaleurs.

Le problème ici, c’est que les masses d’air humides ne font pas baisser les températures pour autant, au contraire, elles en aggravent les effets sur le corps humain. Ainsi, on parle du facteur « humidex », qui est en fait la température réelle augmentée par le coefficient d’humidité de l’air.

Voici un exemple de température que nous avons connu le 28 juin à Montréal :

Le « 32°C » ne veut pas dire grand-chose. Un 32°C dans un air sec, c’est chaud, certes, mais pas insupportable. Par contre, avec le facteur « humidex », le corps humain ressent les mêmes effets que si la température était de 42°C ! Voilà donc la « chaleur accablante » décrite plus haut.

Mais je veux aussi vous rassurer. Les températures extrêmes de la sorte ne durent pas tout l’été. Nous connaissons quelques périodes très chaudes, dix à quinze jours surtout en juillet, parfois un peu en août, mais cela s’achève très vite passé la mi-août.

Évidemment, certaines années sont plus chaudes que d’autres, comme cette année par exemple. À l’inverse, l’été 2004 fut plus maussade et « frais » (frais étant très relatif tout de même).

Autre constante, il fait très souvent beau. Il est même très fréquent d’avoir un bon gros ciel bleu, un soleil de plomb et peu d’air en mouvement. L’ensoleillement peut aussi se comparer à celui de la Côte-d’Azur en été, même si l’avantage revient tout de même plus nettement au midi de la France.

En 2002, nous avons connu plus de 300 heures d’ensoleillement à Montréal durant le mois d’août… le calcul est vite fait, près de dix heures d’ensoleillement par jour ! Ce n’est pas si mal, non ?

Comme sur la Côte-d’Azur, l’été est ponctué de forts orages, parfois même violents et qui repartent aussi vite qu’ils étaient arrivés. Nous en connaissons chaque été, provoquant parfois des inondations subites.

Humidité, chaleur, orages, ciel bleu, soleil… Vous comprendrez mieux alors la présence très importante des climatiseurs dans les habitations québécoises. Cela ne devient plus vraiment un luxe, mais plutôt un confort. Je peux vous dire qu’il ne m’a fallu qu’un seul été pour me rendre compte de l’importance d’acheter un tel appareil, ne serait-ce que pour déshumidifier l’air. Pour 100 à 200$, il est possible de trouver un climatiseur très convenable, à installer dans une chambre à coucher, afin d’avoir des nuits plus paisibles.

Personnellement, j’ai opté pour un climatiseur plus important, histoire de rafraîchir l’ensemble de mon appartement, mais il faut dire que je suis quelqu’un qui a très facilement chaud.

Voici donc un petit résumé du climat montréalais en été. Il est certain que plus vous vous déplacez vers le nord, plus les températures seront clémentes en été… mais aussi plus froides en hiver ! Autant vous prévenir tout de suite !

Jean-Philippe

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