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Laurence Nadeau à RTL-TVI

Laurence Nadeau est l’auteure du guide « S’installer et travailler au Québec« , qui en est à sa septième édition cette année. Elle est également, avec Laurent Gigon, la co-fondatrice du site internet « Immigrer.com« , qui est devenu la référence ultime dans le domaine de l’immigration au Québec et au Canada, et pour lequel j’ai eu le plaisir de collaborer durant quelques années.

Laurence était en entrevue pour la chaîne luxembourgeoise RTL-TVI, dans l’émission « Investigations ». En voici quelques extraits qui, évidemment, ne vont pas vous expliquer l’immigration de long en large, mais qui vont vous donner quelques indications élémentaires sur les pré-requis attendus, afin de pouvoir vous installer ici.

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Comme un lundi

Souvent on me demande des informations sur l’hiver québécois, sur le froid et la façon dont nous avons de nous adapter aux caprices hivernaux. C’est assez difficile d’en parler simplement, de retranscrire notre réalité de pays nordique. Par contre, lorsque j’ai vu ce petit film laissé par une amie sur son mur Facebook, j’ai réalisé à quel point il retranscrivait parfaitement l’atmosphère de Montréal lorsque la neige tombe.

C’est simple, épuré même ! Mais juste en voyant cette vidéo, je me replonge instantanément en hiver. Alors que les derniers tas de neige fondent lentement en ce début du mois d’avril, nous voici faisant un bond de quelques semaines en arrière :

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Différentes perceptions

Un des lecteurs du blogue m’a envoyé, il y a quelques jours, une copie d’un courrier des lecteurs, publié dans le journal gratuit « Métro », diffusé à Montréal. Le courrier est très bon, sans haine, tout en s’efforçant de rester objectif ou, du moins, assez réaliste. Je connais d’ailleurs d’autres immigrants français, qui pourraient très bien se retrouver là-dedans.

Je vous dirais aussi que le discours de l’auteur, Stéphane Batigne, change radicalement avec celui des aigris de service, qui ont une perception très manichéenne de la réalité : incapables de peser leurs torts, la faute revient toujours aux autres, en général et au Québec, en particulier.

Mais je vous laisse d’abord prendre connaissance du courrier de Stéphane Batigne :

Pourquoi je ne me sens pas Québécois

Cela fait 15 ans que j’ai immigré à Montréal, et je me sens très Montréalais. Montréal est ma ville, celle que je connais le mieux, celle où j’ai vécu le plus longtemps. Je m’y suis marié, j’y ai eu un enfant, j’en ai élevé un autre, j’y ai travaillé, acheté une maison et fondé deux entreprises, j’ai écrit des dizaines de textes sur la ville et quelques livres. J’y ai de nombreux amis, des souvenirs, des habitudes. Et surtout, Montréal est une ville où vivent un grand nombre de gens qui  n’y sont pas nés. Il est donc très facile de s’y intégrer parce qu’il n’y a pas de bloc culturel majoritaire.

Être Québécois, c’est autre chose. Je ne me sens pas Québécois parce que je ne sens pas que les Québécois me considèrent comme tel. Il est difficile d’appartenir à un groupe quand les autres membres du groupe vous renvoient l’image d’un étranger. Pour la plupart des Québécois, je suis un Français. À cause de mon accent bien sûr, de ma manière d’être aussi, peut-être. Lorsqu’une serveuse de Charlevoix me parle comme à un touriste et me précise que le pourboire n’est pas inclus dans la facture, je ne me sens pas Québécois. Lorsqu’une infirmière du CLSC me précise qu’il est important de mettre des bottes à mon bébé pour qu’il n’ait pas froid aux pieds en hiver, je ne me sens pas faire partie du groupe. Lorsqu’un vendeur de la SAQ me demande si je sais ce qu’est l’été des Indiens, que dois-je comprendre? Lorsqu’on s’adresse à moi en «perlant» maladroi te ment, de peur de faire des fautes de français, comment pourrais-je me sentir sur la même longueur d’onde que mon interlocuteur?

Cela dit, je ne définis pas mon identité par une appartenance nationale. J’ai eu un parcours de vie qui m’a fait vivre des expériences variées, qui m’a fait rencontrer de nombreuses personnes différentes et découvrir plusieurs cultures, et c’est ce parcours qui m’a construit tel que je suis. Ce qui me lie aux lieux, ce sont surtout des personnes, des sensations, des odeurs, des sons, des paysages. Je suis très attaché aux détails de la vie et ces moments privilégiés m’ont été donnés aussi bien en France, au Brésil, en Allemagne ou en Argentine qu’au Québec. Finalement, se sentir Québécois ou pas, ce n’est peut-être pas très important. Même après 15 ans.

– Stéphane Batigne, auteur de « Moi, mes amis ont beaucoup voyagé – Entretiens sur l’exil et le voyage ».

(Source : Journal Métro du 22 décembre 2010)

Vous voyez ici, il s’agit d’un point de vue personnel, celui de l’auteur. Il ne dit pas que tout est blanc ou que tout est noir, il parle de sa perception, de son vécu… bref, ça transpire la sincérité et l’honnêteté.

Mais mon point n’est pas là. Mon point n’est pas de vous montrer la différence entre un discours intelligent et constructif, avec le discours haineux, provocateur et destructeur que l’on lit parfois ailleurs sur le net. Non. Mon point, c’est avant-tout de parler des différences de perceptions.

Le modèle de « l’immigrant type » n’existe pas !

Ça peut paraître très logique de prime abord, mais c’est quelque chose qui est, malheureusement, souvent oublié : il n’y a pas de modèle mathématique de l’immigrant. En clair, il n’y a pas de « standard », d’immigrant « type », auquel l’on pourrait se rattacher afin de se comparer. C’est certain que lorsque l’on entame une immigration, on essaie de se rassurer et c’est bien normal. Vais-je trouver un emploi ? Vais-je pouvoir m’intégrer facilement ?

Alors on cherche des comparaisons. « Ah ! Celui-ci est informaticien, comme moi, et il a réussi ! » et l’on s’imagine que cela va être de même pour nous ! Un autre a le même âge, le même niveau d’études, une expérience comparable et il a échoué… cela voudrait-il dire que ceux qui répondent à ce profil courent également à la catastrophe ? Dans les deux cas, NON !

Deux immigrants, deux perceptions

Vous voyez, pour ma part, cela fait près de dix ans que je suis au Québec, à Montréal. Soit moins longtemps que l’auteur du texte du journal Métro. Et pourtant, je vois des différences notables avec son vécu.

D’abord, même si les Québécois voient bien (à mon accent) que je suis Français, la grande majorité perçoivent également sans peine, que je suis ici depuis quelques temps… bref, que je ne suis pas un touriste. Les intonations, le vocabulaire utilisé, la facilité que j’ai de tutoyer… sont autant « d’indices » qui trahissent, outre mes origines françaises, mon appartenance à la communauté montréalaise. Et cela n’est on ne peut plus normal, je suis un Montréalais d’origine française : c’est la réalité.

Ainsi, contrairement à Stéphane Batigne, jamais l’on m’explique comment fonctionnent les pourboires ici, jamais j’ai l’impression d’être pris pour un « touriste »… les seules fois où cela a pu arriver, c’est lorsque j’étais entourés d’autres Français ou lorsque je venais d’arriver au Canada. Mais cette perception, comme celle de M. Batigne d’ailleurs, pourrait être vécue dans d’autres pays ! Immigrez aux États-Unis, ou en Australie ou ailleurs… comment imaginez que l’on puisse vous voir autrement que comme un Français ? Au moins sous certains aspects !

Est-ce que je me sens Québécois ? Non… enfin, oui, mais certainement pas à 100%. Mais où est le problème vu que c’est la réalité ? J’ai vécu également huit années à Lille, dans le Nord de la France. C’est ma deuxième ville d’adoption, je m’y sens comme chez moi… je m’y sentais Lillois, mais certainement pas à 100%. Où est le mal, puisque c’est ce que je suis : ni totalement Québécois, ni plus totalement Français… Pourquoi faudrait-il voir cela comme un handicap ?

Par contre, ça fait déjà un bon moment que je ne me considère vraiment plus comme un immigrant. Je suis peut-être un amalgame de choses, mais pas un immigrant.

S’inclure soi-même avant d’être inclus

Autre perception également, je me sens inclus dans la société québécoise. Lorsque je parle du Québec je dis naturellement « nous » et non pas « eux ». Je sais que cela peut faire un peu caricature, mais croyez-moi, si vous-mêmes vous faites la distinction entre les Québécois et votre personne, comme immigrant, comment pouvez-vous imaginer trente secondes que « les autres », les Québécois, vous incluront dans le groupe ?

Pour être inclus par les autres, il faut d’abord et avant-tout s’inclure soi-même ! Et non pas l’inverse ! Par contre, ça doit venir naturellement, n’imaginez pas que le fait de bouffer de la poutine, de regarder un match du Canadien en séries ou d’acheter un Kanuk suffirera à vous transformer en Québécois après deux mois… Non. Il faut de la patience, ne même pas y penser, juste vouloir vivre dans cette société, l’apprécier et vouloir la comprendre. Quelle nouvelle : immigrer, c’est aussi faire des efforts !

Peut-être que, comme Stéphane Batigne, au bout d’une décennie, vous aimerez Montréal ou le Québec, sans pour autant vous sentir Québécois. Peut-être qu’au contraire, vous vous sentirez Québécois bien plus vite que vous l’auriez imaginé. Cela ne peut pas se décider à l’avance… et l’un et l’autre ne sont pas gages d’échec ou de réussite.

Par contre, tout comme Stéphane Batigne, gardez cette sérénité et restez constructif. Vous y gagnerez au niveau de votre santé mentale et rendra votre vie nettement plus agréable. Des difficultés, il y en a, comme il y en aurait eu en France. Les obstacles sont peut-être un peu plus nombreux, puisque vous avez immigré, mais le danger serait de les voir comme des signes que cette société ne veut pas de vous.

Oui, cela demande du courage, souvent, de l’abnégation, parfois, mais la récompense à la fin en vaut le détour.

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24 décembre

Vendredi 24 décembre 2010, un peu avant 7 heures, le soleil se lève sur le Mont-Royal. Je me considère chanceux d’avoir une telle vue depuis mon appartement. Pratiquement pas de vis-à-vis, une vue dégagée… ce qui permet de profiter de beaux moments comme celui-ci.

Dans quelques heures, les festivités commencent… autant profiter de ce moment de calme.

En attendant… Joyeux Noël à tous !

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Le pays du froid et des moustiques

Pas facile de résumer le climat québécois dans un titre. Malgré tout, je trouve que cette toune de Lili Fatale illustre assez bien certains aspects et paradoxes que l’on retrouve ici.

À la faveur donc de l’arrivée des douceurs printanières, marquant par le fait même la fin des rigueurs de l’hiver, revenons un temps sur un sujet qui en inquiète plus d’un : le climat québécois. Évidemment, il sera question de l’hiver, mais cela serait passer totalement à côté du sujet que de réduire les questions climatiques à un simple épisode hivernal, aussi long soit-il.

Une première chose à bien avoir en tête : ici, il y a quatre vraies saisons. Quatre vraies saisons qui ont des durées variables, certes, mais qui provoquent de multiples transformations, voire de profondes métamorphoses du paysage. Rien à voir donc avec cet automne interminable, si commun aux latitudes parisiennes.

Deuxième chose très importante à connaître : le Québec, et l’ensemble du Canada, n’ont pas un climat tempéré comme en Europe occidentale. Pas ou peu d’influence océanique, exception faite de la région de Vancouver qui subit (le terme est choisi), une forte influence venant du Pacifique.

Lorsque l’on parle de climat « non tempéré », une idée préconçue consiste encore une fois à ne penser qu’à la saison hivernale, mais la réalité ne se limite pas à cela. Loin s’en faut !

Dernière chose, durant toute l’année, la durée d’ensoleillement à Montréal est largement supérieure à celle de Paris, y compris durant les mois d’hiver ! À bon entendeur…

Le printemps : en quatrième vitesse !

Commençons par le printemps, puis ça tombe bien, il vient de commencer depuis quelques jours. Oui, évidemment, si vous vous trouvez en Europe, vous vous dites qu’arrivé fin avril, il serait temps qu’il commence ce printemps !

Le printemps, c’est aussi le temps des sucres

Il se trouve que cette saison marque les premiers bouleversements climatiques de l’année. Arrivé vers la fin mars (début théorique du printemps), les températures parfois extrêmes de l’hiver font place à des journées froides, certes, mais qui paraissent tellement plus douces comparativement aux –20°C ou –30°C des mois de janvier et février. En clair, à quelles températures faut-il s’attendre ? Disons aux alentours de –5°/0°C, avec des pointes plus hautes et plus basses. La moyenne du mois de mars à Montréal est de –1°C (-4°C pour Québec).

Fin mars début avril (selon les années), on a parfois l’impression de revenir en arrière, de revenir à l’automne. La neige fond, laissant doucement apparaître les vestiges laissés derrière nous en novembre : feuilles mortes, herbe humide et brûlée par le gel. Et lorsque je dis « vestiges oubliés », je parle aussi des déchets parfois négligemment laissés entre deux tempêtes et les centaines de mégots de cigarettes, jadis fumés furtivement et frileusement par les employés de bureau pendant leurs pauses.

Bref, après cinq mois d’hiver, la nature poursuit sa décomposition interrompue par le gel et la neige. Odeurs d’herbe et de feuilles humides, de terre gorgée d’eau… tout ce qui rappelle l’automne donc. Mais cette sensation s’évapore très vite (le terme est bien choisi, vous ne trouvez pas ?), selon les faveurs du soleil, de plus en plus présent est surtout, de plus en plus efficace !

Arrivés donc en avril, les températures effectuent des allers et retours d’un côté et de l’autre du fameux et redouté point de congélation. Avril, c’est sans doute le mois où les écarts de températures sont les plus forts. En passant d’ailleurs, les grands changements de températures parfois constatés dans une même journée, est une autre caractéristique du climat québécois. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir des températures de 20°C en avril, mais il n’est pas exceptionnel non plus d’en avoir aux alentours de –10°C. Il y a quelques années d’ailleurs, quelques jours après la tempête de neige pascale, les températures ont atteint les 28°C et nous sortions en manches courtes, tout en contemplant les tas de neige fondre… comme neige au soleil justement !

Écarts de température qui, au début et à la fin de l’hiver, provoquent souvent des vagues de contagions de rhume dans les entreprises et les écoles. C’est le climat des amplitudes thermiques extrêmes. C’est surtout cela, bien plus que de l’hiver, dont il faut vraiment faire attention. D’ailleurs, le moment où l’on entend le plus tousser dans les transports en commun, ce n’est pas en janvier ou février, mais dès qu’il y a des petits redoux et lorsque l’hiver touche à sa fin.

Pour revenir au mois d’avril, vous comprenez donc notre embarras lorsqu’on nous demande quelle est la température durant ce mois. La moyenne de 6°C pour Montréal (3°C pour Québec), ne veut vraiment rien dire !

Arrivé au mois de mai, cela se précise. On approche les 200 heures d’ensoleillement pour le mois (à Montréal) et les tables commencent à garnir les terrasses des bars et cafés. C’est aussi durant le mois de mai que les températures à Montréal dépassent celles constatées à Paris et dans la plupart des villes françaises. Avec le mois de juin, c’est sans doute le mois le plus agréable de l’année.

D’ailleurs, les températures constatées en juin à Montréal sont presque identiques à celles de la ville de… Nice !

L’été : l’autre saison des extrêmes.

Et voici donc l’été… Autre grand bouleversement ! Des températures chaudes, parfois même très chaudes, qui sont encore une fois identiques à celles de Nice. Différence de taille, l’humidité qui confère une toute autre impression. (Voir ma chronique : « L’été à Montréal« )

En effet, à la faveur d’un courant atmosphérique ayant pris naissance dans le golfe du Mexique, toute la côte Est des Etats-Unis, le Québec et la partie Est de l’Ontario se trouvent pris dans une masse d’air tropical extrêmement humide et chaude.

L’île Ste-Hélène, refuge des montréalais en quête d’un peu de fraîcheur

Il faut d’ailleurs savoir que lors des étés avec de bonnes chaleurs, l’humidité est un facteur aggravant pour le corps humain qui doit fournir beaucoup plus d’efforts pour s’adapter. Et là, les ventilateurs ne suffisent plus à se rafraîchir, car l’air doit d’abord être débarrassé de l’humidité. C’est pour cela que l’usage des climatiseurs est très courant, surtout en ville.

Malgré tout, ces périodes de chaleurs quasi-tropicales ne durent pas. Trois ou quatre semaines au plus, réparties tout au long de l’été. Heureusement, le soleil est très souvent présent. En août 2002 d’ailleurs, nous avions dépassé les 300 heures d’ensoleillement durant le mois !

Croyez-moi bien, c’est tout une adaptation ! … Autant l’hiver, quelle que soit la température, on peut facilement se réchauffer (habillement, habitation très bien chauffées…), mais l’été ? Difficile de trouver une parade à la chaleur moite sans utiliser un climatiseur. Et oubliez les soirées « fraîches »… Il y en a rarement en juillet et août !

Bien sûr aussi, qui dit chaleur et humidité, dit moustiques et « grosses bibittes »… Et lorsqu’on dit moustiques et bibittes, cela n’a rien à voir avec les petites bêtes que vous avez coutume d’écraser négligemment sur la terrasse de votre bicoque bordelaise… mais d’anciennes chroniques sur le sujet vous en diront bien plus sur ces encombrants visiteurs estivants.

Parures d’automne.

Après l’hiver, l’automne canadien doit être la saison qui éveille le plus l’imagination. Les immenses forêts rouges et or, le soleil bien présent encore et des températures qui fléchissent doucement.

C’est dans la première quinzaine d’octobre que l’on commence à sentir cette troisième métamorphose de l’année. Mais, tout comme durant le mois d’avril, le temps peut nous réserver quelques surprises : premières chutes de neige, ou températures estivales.

Sans doute l’une des plus belles saisons de l’année

D’ailleurs, c’est aussi durant cette période que peut se produire ce que l’on appelle « l’été des Indiens » (entre le début octobre et la mi-novembre). Oui, ici on dit « été des Indiens », même si tout le monde connaît bien l’expression plus française « d’été Indien ». D’ailleurs, expression que certains Québécois utilisent aussi parfois.

Tout d’abord, l’été des Indiens ne se produit pas de manière systématique. Pour avoir lieu, ce phénomène climatique doit satisfaire plusieurs critères. Cependant, n’oublions pas que l’été des Indiens n’est pas réellement scientifique, mais plutôt populaire. Les critères ne sont donc pas « coulés dans le béton ». Malgré tout, on entend parfois tout et n’importe quoi sur le sujet. Donc, pour mettre les choses au point, on considère que l’on vit un été des Indiens lorsque :

  • la période de temps exceptionnellement chaud suit une période de gel d’au moins 3 jours.
  • le temps est généralement ensoleillé.
  • il n’y a pas ou peu de précipitations.
  • les vents sont légers, de direction variable.
  • il peut y avoir du brouillard matinal.
  • les températures nocturnes sont près des normales de saison.
  • les températures diurnes sont plus élevées que la normale (environ 4 à 6 degrés de plus).
  • ces conditions doivent se poursuivre pendant au moins 3 jours.

L’été des Indiens dure généralement quatre jours et se produit le plus souvent entre le 1er et le 15 octobre. Le phénomène peut également se produire plus d’une fois durant l’automne, mais on peut aussi ne pas le connaître certaines années.

Mais lorsqu’on parle d’été des Indiens, il s’agit là d’un vrai retour de l’été, avec des températures de 25°C voire les dépassant (28°C le 17 octobre 1947 à Sherbrooke).

Alors, il est facile de comprendre que ce phénomène agit aussi sur la nature. D’où les couleurs particulières que l’on connaît tous.

Et cet hiver si… blanc !

Ah l’hiver ! Vous le savez, ma saison préférée ! Je la regrette déjà cet hiver qui s’est achevé trop vite, sans avoir beaucoup de tempêtes de neige. Malgré les ennuis que ça peu me causer, c’est un irrésistible plaisir que de vivre ces hivers québécois incomparables.

L’hiver commence donc en novembre. Même si, ces dernières années, on l’attendait encore en décembre. Malgré tout, c’est en novembre que les premières vraies averses de neige font leur apparition (en principe). Pas de températures bien froides, avec des minimales rarement en dessous de –10°C.

Au mois de décembre, l’épaisseur de neige commence à se constituer (surtout en région). Parfois un redoux, qui provoque de la pluie verglaçante, sans aucun doute ce qu’il y a de plus ennuyant durant les hivers au Québec. Ainsi, il n’est pas rare de se retrouver avec quelques millimètres de glace sur la voiture ou sur les trottoirs. Pas le choix de se déplacer lentement, de passer du temps à gratter, réchauffer et briser.

Au mois de janvier par contre, le froid est bien là. Là, et contrairement à ce que j’ai pu lire parfois ici, l’humidité ne joue presque plus aucun rôle. L’humidité n’accentue l’effet du froid qu’entre les –5 et +5°C… Pas plus bas. Ce qui agit vraiment sur cet effet de froid, c’est le vent !

La ville de Québec et sa parure hivernale

D’ailleurs, il est facile de comprendre qu’en deçà d’une certaine température, l’humidité de l’air se solidifie et les gouttelettes retombent au sol très vite. En 2003 par exemple, suite à l’arrivée d’une masse d’air un peu plus humide, des flocons sont tombés sur Montréal alors que le ciel était tout bleu ! Phénomène qui arrive occasionnellement, alors que le froid vif transforme l’humidité de l’air en une sorte de neige !

Donc, les mois de janvier et février peuvent connaître des températures très froides accentuées par le vent, très présent au Québec. Les fameux 100 jours consécutifs au-dessous de zéro degré, c’est bien plus qu’une légende. Il est même fréquent de connaître plusieurs journées de suite avec des températures maximales (j’insiste sur « maximales ») à deux chiffres, mais en dessous de zéro bien sûr !

Évidemment, tout est prévu pour l’hiver ici ! Depuis le temps, le Québec a pu s’adapter !… Mais lorsqu’il faut aller au travail, attendre le bus, faire ses courses, etc. par –20 ou –30°C, il faut se préparer et également s’adapter. L’hiver au Québec, c’est une affaire sérieuse !

Mais quelle beauté ! Quatrième métamorphose du paysage. On a l’impression de changer de ville, de changer d’environnement. C’est un vrai plaisir ! On guète la moindre averse de neige, on attend impatiemment le bulletin météorologique (qui est même diffusé dans les voitures du métro à Montréal), etc. Bref, on reste prêt à parer à toute éventualité en attendant l’arrivée du printemps…

NB : Ceci est une adaptation d’une chronique que j’avais écrite en avril 2004 pour le site immigrer.com

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De retour « cheu nous »

Mon Boeing était « bleu de mer », comme dans la chanson de Charlebois. Hier, vers 19h30, les roues du 767 se sont posées sur la piste détrempée de l’aéroport de Montréal.

Cela faisait près de quatre ans que je n’avais pas été en France. Et je dois vous dire très franchement, cela ne me manquait pas vraiment.

Certes, j’adore Paris et j’ai apprécié les quelques heures passées dans la capitale, la bonne bouffe de bistro arrosée d’une Leffe. J’aurai aussi beaucoup aimé aller à Lille, ma deuxième ville d’adoption après Montréal, mais je ne pense pas que ma famille aurait vraiment apprécié que je leur fausse compagnie, alors que nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs années. Serait-ce cela que l’on nomme « obligations familiales » ?

Évidemment, il était temps que je retrouve ma Normandie natale. Me recueillir sur la tombe de mon grand-père que je n’ai pas vu partir, constater que les gens changent, tout comme on m’a trouvé changé. Retrouver mes vieux réflexes français, en faisant attention où je pose mes pieds afin d’éviter certains désagréments olfactifs.

Cela m’a tout de même fait du bien, de passer une semaine sans internet (ou presque).

Quoi dire d’autre ? … À part que le temps est pourri dans la moitié nord de la France, tout comme à Montréal. Que je me plais toujours beaucoup plus ici au Québec, qu’en France. Cela doit d’ailleurs se voir un peu, puisque personne ne m’a demandé si je comptais revenir y vivre, contrairement aux autres fois. Jean, un bon ami de la famille, continue à me dire sans relâche (il le fait depuis qu’il a su que je m’installais au Québec) que j’ai bien fait de quitter la France et qu’à mon âge, il aurait fait pareil… même ma mère n’a rien trouvé à lui répliquer. C’est pour dire !

Sacré Jean… tout un numéro celui-là ! Ancien pilote de chasse dans l’armée, il a longtemps travaillé dans l’aéronautique. Alors quand il a su que je travaillais pour Bombardier, il a commencé à me raconter des tas d’histoires sur ses amis Canadiens de chez Canadair, qu’il rencontrait lors des salons de l’aéronautique du Bourget. Il en a tellement fait dans sa vie, il a tellement voyagé, un vrai baroudeur, qu’il nous fait toujours passer d’excellents moments à nous raconter ses aventures. En tous cas, j’ai bien été content de le revoir !

Mais me voilà de retour… dans cette ville de Montréal que j’adore ! Je vais maintenant essayer de profiter des quinze jours de vacances qu’il me reste, avant de retrouver ma petite routine quotidienne.

Sinon, en vrac :

  • Zoom Airlines : très correct pour le prix. Service à bord sans faute. Évidemment, comme pour tout vol nolisé, les espaces pour les jambes sont étroits.
  • Aéroport Charles-de-Gaulle, T3 : ce terminal est vraiment pourri. Attente de 1h30 pour passer la sécurité, obligé de prendre un bus pour se rendre à l’appareil, pas de climatisation…
  • Aéroport de Dorval : les nouveaux aménagements sont excellents. Peu d’attente, aussi bien à l’embarquement qu’au débarquement. J’ai passé les douanes en 15 minutes et les bagages sont arrivés très rapidement.
  • Les Français : peut-être grâce aux vacances estivales, j’ai vu peu de râleurs. Par contre, ils sont toujours aussi nerveux au volant !
  • Note pour plus tard : ne jamais dire du bien de vins non-français à des Français de France !
  • Le Vieux-Rouen est toujours aussi magnifique…
  • … le « 6e pont » de Rouen est, lui, d’une profonde laideur, mais un prodige technologique.
  • Ça fait bizarre d’entendre les « Pin-Pon » des voitures de police.
  • Les nouvelles Peugeot sont vraiment bien, par contre, les Renault sont de plus en plus laides, c’est vraiment effrayant ! Citroën : bof, bof… J’ai bien aimé la nouvelle Lancia Ypsilon de ma mère, j’aurais d’ailleurs jamais imaginé dire du bien d’une Lancia !
  • Les télé-séries françaises sont vraiment à chier !
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Cinq ans

Ça paraissait encore l’été… un beau grand ciel bleu semblait me souhaiter la bienvenue à Montréal. C’était il y a déjà cinq ans, c’était le 30 septembre 2001.

De cette journée inoubliable, je me souviens d’à peu près tous les détails. Du passage aux douanes, puis aux services d’immigration du Canada et du Québec, de mon arrivée sur le Plateau-Mont-Royal, de la découverte des gens qui allaient devenir mes colocataires durant un mois, des rires que j’ai pu avoir avec eux… mais aussi de la fatigue qui se fît assez vite ressentir.

C’était mon immigration… une immigration sans douleur, sans véritable obstacle et surtout sans grands regrets.

Voilà que cinq années se sont déjà passées. C’est vraiment impressionnant comment tout passe et s’enchaîne si rapidement ! Je ne vois plus le temps passer… l’automne arrive et je m’apprête déjà à vivre mon sixième hiver au Québec !

D’ailleurs, en parlant de saisons, je reste ébloui par les métamorphoses du paysage, qu’il soit naturel ou urbain. Cela est fascinant ! Il y quelques semaines, le thermomètre dépassait les 30°C, et d’ici quelques autres, c’est plutôt les -30°C que nous allons connaître (en tous cas, je le souhaite !).

Et durant ces métamorphoses, j’ai l’impression de changer d’endroit, de changer de ville… hier les festivals s’enchaînaient dans les rues de Montréal, aujourd’hui l’odeur des feuilles mortes embaume la ville entière, demain le silence des tempêtes de neige recouvrira la métropole. J’aime ces changements, j’aime le début de l’automne, j’adore l’hiver sec et froid, j’aime le printemps et le début de l’été… j’aime beaucoup moins cette chaleur humide parfois épouvantable des étés du Sud du Québec !

Je n’ai pas de bilan à vous livrer ici. Je n’aime pas trop parler de moi et je pense que l’heure n’est plus à faire des bilans. Tout ce que je peux dire, c’est que je me sens ici chez moi plus que jamais, et que même si le pays parfait n’existe pas sur cette terre, je me sens bien et épanoui dans cette ville que j’aime !

J’aime ma vie ici, j’aime mes amis, j’aime mon travail… j’aime le calme du Québec et des Québécois. J’aime cette sérénité communicative et cette atmosphère pacifique.

Et si c’était à refaire ? Je le referais sans hésiter une seule seconde !

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L’été à Montréal

Lorsque je dis que je vis au Québec, un tas d’images semble se bousculer dans l’esprit de mon interlocuteur étranger. En vrac : Céline, Garou, les indiens, les bûcherons et… l’hiver ! D’ailleurs, cette association entre le Québec et l’hiver est tellement forte, tellement ancrée dans les esprits, que la plupart ont beaucoup de mal à imaginer ce pays sans son épais manteau blanc… Histoire de remettre les pendules à l’heure, je vais vous parler de l’été à Montréal. Certains d’entre vous risquent d’être surpris !

Bien sûr, le Québec, c’est d’abord un hiver long et rigoureux, en tout cas par rapport à ce que l’on peut retrouver en Europe occidentale. J’aurai l’occasion d’y revenir dans quelques mois, mais il s’agit bien d’une saison à part.

Pour l’été, dois-je dire que cela a été ma principale surprise, pour ne pas dire mon principal « choc » depuis que je vis ici ?

J’avais bien passé un mois et demi en août et septembre 2000 pour découvrir le Québec, mais j’avais bénéficié, semble-t-il, de températures plus douces que la normale. À part deux ou trois journées très chaudes, je n’avais pas eu à souffrir des fortes chaleurs.

Ce fut alors une grande surprise de vivre l’été 2002, sous une chaleur intense. Et lorsque je parle de chaleur intense, « accablante » comme le disent les météorologues d’ici, je parle vraiment de chaleur tout ce qu’il y a d’inconfortable.

Autant mettre les choses au clair dès le départ, mes origines normandes n’y sont pas pour grand-chose. J’ai passé pratiquement tous mes étés durant plus de 15 ans à Cannes et même si j’ai souvent eu chaud, je n’ai jamais eu à subir l’inconfort que je connais parfois ici.

D’ailleurs, en parlant de la Côte-d’Azur, voici un comparatif intéressant entre les températures maximales moyennes à Nice et celles constatées à Montréal durant l’été (ce sont les données météorologiques moyenne des trente dernières années) :

juin juillet août
Nice (France) 23° 26° 27°
Montréal (Québec) 23° 26° 25°
Toulouse (France) 24° 27° 27°

(Sources : MétéoMédia et Météo-France)

Les températures à Montréal en été, sont donc identiques à celles de Nice, si l’on met de côté le maigre deux degrés d’écart du mois d’août. Elles sont équivalentes également à celles de Toulouse. Vous comprendrez alors notre embarras lorsqu’un Français, encore en France, nous demande fin juin, début juillet, si l’été a enfin débuté chez nous !

Non, il ne neige pas en juin au Québec. Nous avons bien enlevé nos tuques (bonnets de laine) en juillet et plus aucune motoneige ne circule en août ! Au contraire, il fait beau et chaud en règle générale durant ces trois mois d’été.

Mais alors, d’où vient cette différence avec la Côte-d’Azur ? D’où vient cet inconfort ?

Le climat de l’Est canadien, c’est une histoire entre deux masses d’air. L’hiver et sa masse d’air arctique qui descend le long du Labrador, apportant un froid sec et parfois intense, et l’été, une masse d’air chargée d’humidité venant tout droit du golfe du Mexique. La masse d’air se charge d’humidité dans les tropiques et remonte lentement toute la côte Est américaine pour se désagréger progressivement dans le Nord canadien.

Eh oui, le climat d’ici n’est pas tempéré. Vous le saviez déjà pour l’hiver, vous le savez maintenant pour l’été !

En Europe occidentale, lorsqu’une masse d’air humide arrive sur le continent, elle est accompagnée la plupart du temps par une baisse des températures. Ainsi, la chaleur relativement sèche laisse la place à une fraîcheur plus humide. Les Européens de l’Ouest ne souffrent donc pas trop des effets de l’humidité, puisqu’elle n’est pas associée à de grosses chaleurs.

Le problème ici, c’est que les masses d’air humides ne font pas baisser les températures pour autant, au contraire, elles en aggravent les effets sur le corps humain. Ainsi, on parle du facteur « humidex », qui est en fait la température réelle augmentée par le coefficient d’humidité de l’air.

Voici un exemple de température que nous avons connu le 28 juin à Montréal :

Le « 32°C » ne veut pas dire grand-chose. Un 32°C dans un air sec, c’est chaud, certes, mais pas insupportable. Par contre, avec le facteur « humidex », le corps humain ressent les mêmes effets que si la température était de 42°C ! Voilà donc la « chaleur accablante » décrite plus haut.

Mais je veux aussi vous rassurer. Les températures extrêmes de la sorte ne durent pas tout l’été. Nous connaissons quelques périodes très chaudes, dix à quinze jours surtout en juillet, parfois un peu en août, mais cela s’achève très vite passé la mi-août.

Évidemment, certaines années sont plus chaudes que d’autres, comme cette année par exemple. À l’inverse, l’été 2004 fut plus maussade et « frais » (frais étant très relatif tout de même).

Autre constante, il fait très souvent beau. Il est même très fréquent d’avoir un bon gros ciel bleu, un soleil de plomb et peu d’air en mouvement. L’ensoleillement peut aussi se comparer à celui de la Côte-d’Azur en été, même si l’avantage revient tout de même plus nettement au midi de la France.

En 2002, nous avons connu plus de 300 heures d’ensoleillement à Montréal durant le mois d’août… le calcul est vite fait, près de dix heures d’ensoleillement par jour ! Ce n’est pas si mal, non ?

Comme sur la Côte-d’Azur, l’été est ponctué de forts orages, parfois même violents et qui repartent aussi vite qu’ils étaient arrivés. Nous en connaissons chaque été, provoquant parfois des inondations subites.

Humidité, chaleur, orages, ciel bleu, soleil… Vous comprendrez mieux alors la présence très importante des climatiseurs dans les habitations québécoises. Cela ne devient plus vraiment un luxe, mais plutôt un confort. Je peux vous dire qu’il ne m’a fallu qu’un seul été pour me rendre compte de l’importance d’acheter un tel appareil, ne serait-ce que pour déshumidifier l’air. Pour 100 à 200$, il est possible de trouver un climatiseur très convenable, à installer dans une chambre à coucher, afin d’avoir des nuits plus paisibles.

Personnellement, j’ai opté pour un climatiseur plus important, histoire de rafraîchir l’ensemble de mon appartement, mais il faut dire que je suis quelqu’un qui a très facilement chaud.

Voici donc un petit résumé du climat montréalais en été. Il est certain que plus vous vous déplacez vers le nord, plus les températures seront clémentes en été… mais aussi plus froides en hiver ! Autant vous prévenir tout de suite !