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Le mal du pays

Il est clair qu’en tant qu’immigrant, loin de son pays d’origine, de ses amis et de sa famille, nous sommes plus susceptibles d’avoir les bleus (le blues, en français de France). Surtout les premières années de son installation. Ceci est amplifié par le fait que le cercle social est souvent inexistant et qu’il est parfois difficile de surmonter seul les soucis associés à l’immigration : emploi difficile à trouver, l’hiver parfois difficile à supporter (je ne parle pas pour moi là !), le choc culturel, la bouffe…

Il est certain que l’absence de repères aggrave le phénomène. Dans son ancien pays, nous avions nos petites habitudes, notre routine qui, même si on la combat souvent, fini toujours par s’installer plus ou moins, les gens qu’on a l’habitude de croiser et les « petits plaisirs » de la vie qui font souvent partie d’un art de vivre associé à notre ancien pays.

Mon plaisir à moi, c’était à partir du mois de juin, lorsque les beaux jours revenaient (ben… parfois en tout cas), lorsque le soleil était levé de bonne heure et que j’allais lire mon journal à une terrasse de café près de Champs-Élysées. Peu de monde, la balayeuse passant sur les trottoirs répandant de l’eau dans un bruit presque sympathique. Le garçon de café, en nÅ“ud papillon noir avec la chemise blanche qui vous apporte un café noir avec deux croissants croustillants qui, lorsque j’étais chanceux, étaient encore tièdes. C’est certain que cela fait partie des choses qui me manquent. Tout comme les bons gueuletons que certaines mauvaises langues qualifieraient de « franchouillards » que je prenais au Café du Dôme près du Champs-de-Mars : rillettes du Mans dans une grande assiette, de la cochonnaille en quantité arrosée par un bon vin d’Anjou à la bonne température (chose rare à Paris). Repas bien simple, qui ne dépassait jamais les 100 francs malgré l’abus de vin que nous faisions régulièrement.

C’est vrai, ça fait du bien d’en parler. Ce sont des choses qui font partie de nous, de notre patrimoine personnel. De bons moments passés entre amis.

Mais c’est ça, il faut savoir remplacer nos anciens petits plaisirs par des nouveaux. Ça prend du temps, parce que ça prend de nouveaux repères, de nouvelles habitudes. Il faut le savoir ! Alors, peut-être que certains immigrants sont trop impatients et aimeraient se sentir réellement comme chez eux, c’est-à-dire avec des petites habitudes, des petits plaisirs et un cercle d’amis important. D’autres peut-être baissent les bras un peu trop vite en constatant le fossé de différences qui peut exister entre le Québec et leur terre d’origine. Ils se disent peut-être que l’adaptation complète est impossible tant le choc culturel est important. On sent parfois clairement le doute, l’incertitude qui alimentent la nostalgie… Car lorsqu’on n’arrive pas à s’accrocher à des choses concrètes au Québec, las, on finit par se raccrocher à des choses du passé.

Personnellement (je parle beaucoup de moi décidément !), j’ai eu la « chance » de bouger beaucoup géographiquement parlant, depuis mon plus jeune âge. Le travail de mon père nous forçait à aller d’un bout à l’autre de la France. Parfois c’est bien chiant, car faut recommencer pas mal de choses au départ : découverte d’une nouvelle ville, de nouveaux amis…

Vous voyez ce que je veux dire ? J’ai la chance d’avoir eu l’habitude de changer de place, un sacré avantage lorsqu’on décide de changer de pays. Même si le choc culturel reste bien présent tout de même.

Et puis Montréal est une grande ville, même s’il y a moins de monde qu’à Paris… Mais ce qui compte, c’est la qualité, pas la quantité, car ce sont les Québécois qui ont fait que je me suis décidé à m’installer ici. Les Québécois, un peuple vraiment à part, sympathique, accessible, pas compliqué et plein de bon sens.

Montréal aussi, et sa diversité, où l’on trouve tout (ou presque). Où lorsque je suis dans une période de bleus (principalement après avoir vu un film d’Audiard), je peux trouver une rosette de Lyon, des rillettes tout à fait honnêtes, un camembert, une bonne baguette et un bon vin. Une fois de temps en temps, qu’est-ce que cela fait comme bien !

Par contre, comme je le disais plus tôt, j’ai d’autres petits plaisirs. Le déjeuner le matin avec mes deux Å“ufs retournés, mon bacon et mes patates, par exemple.

Quoi de plus jouissif qu’une balade à Montréal (ou ailleurs) pendant ou juste après une bonne chute de neige ? Ce décor renouvelé qui étouffe les sons, les arbres squelettiques recouverts de neige… Un vrai décor de carte-postale, mais que nous côtoyons à chaque chute de neige.

Ce plaisir de passer un bon moment entre amis dans une cabane à sucre, à écouter des chansonniers du cru, armés de violons et d’accordéons. Dégustant nos plats de beans au sirop d’érable, nos oreilles de christ, sans oublier la célèbre tire dehors sur la neige. Ça vaut bien un plat de cochonnaille de chez Denise dans le quartier des Halles ça !

Les multiples festivals en plein air été comme hiver. Le festival de Jazz, les francofolies, le FFM, etc.

Et il y aurait bien d’autres choses à dire !

C’est un peu pour ça que, même parti en vacances une semaine en France, Montréal fini toujours par me manquer avant même la fin de mon séjour ! De la même manière, il y aura toujours des choses qui me manqueront de la France… quoi de plus naturel ?

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Rosemont, me voilà !

Ça y est ! J’ai signé mon bail pour mon futur appartement !

Après trois années passées dans le quartier d’Ahuntsic, je me redirige vers le centre de l’île de Montréal, dans le quartier de Rosemont/Petite-Patrie.

Lorsque je regarde bien, ça s’est fait assez vite. Vendredi dernier, je commerçais ma recherche intensive en visitant mon premier logement, sur le Plateau. Hier, je visitais le 8 ou 9e logement et ce fût le bon ! Donc, il aura fallu six jours pour trouver !

Il faut dire que j’ai eu un vrai coup de cÅ“ur pour le quartier… Sympa, avec des boutiques partout, des bars qui semblent être cools, des maisons assez jolies et des rues très calmes… comme celle dans laquelle je vais habiter dès le 1er juillet.

Je serai dans une rue effectivement très tranquille, mais juste à proximité du cÅ“ur de Rosemont… à quelques coins de rues de la Plaza St-Hubert (rue très commerçante), situé entre la rue St-Laurent (ancienne Main-Street de Montréal) et la rue St-Denis.

L’appartement en lui-même est très correct… Tout en longueur comme beaucoup de logements ici, avec un petit salon, mais une cuisine d’une taille très correcte. Ça va prendre des idées pour bien l’aménager et gagner un maximum de place, mais le défi est intéressant !

Le « plus » de l’appartement, ce sont les deux portes vitrées à carreaux (« Ã  la française » comme on dit ici), qui donnent un certain « cachet » au 3 1/2.

À bientôt donc depuis Rosemont où je vous donnerais des nouvelles de mon nouveau « chez moi » !

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Un autre chapitre commence

Je me retrouve une dernière fois devant cette fameuse page blanche. Une dernière fois, je vais vous livrer ma chronique mensuelle. Je vois déjà certains pousser un soupir de soulagement « Enfin ! Ce n’est pas trop tôt ! ». D’autres auront sans doute quelques regrets.

Un peu comme tous les autres chroniqueurs qui ont, un jour, raccrochés leurs patins, je ne peux plus vraiment me considérer comme un « nouvel arrivant », alors que cela fait déjà trois ans que je vis ici. Je n’ai plus vraiment ce regard neuf et émerveillé, qui sied si bien à l’équipe des chroniqueurs du site. L’intérêt étant de renouveler les expériences, d’apporter des témoignages neufs et pris sur le vif des nouveaux venus. Ce qui m’émerveillait est devenu mon quotidien, ce qui m’étonnait fait maintenant partie de ma routine. Il y a toujours de la place à des surprises, mais il y en a beaucoup moins pour l’inspiration du petit chroniqueur que je suis.

Un bilan alors ?

J’aime à me rappeler certains moments de profonde béatitude, où je me prenais à rêver à mon futur pays, tout en écoutant une toune des Colocs ou de Charlebois. J’étais à Paris, mais déjà mon cÅ“ur se trouvait un peu plus à l’Ouest. Que de chemin parcouru et en si peu de temps ! J’ai parfois même l’impression de parler d’une vie antérieure ! Y’a t-il un psychanalyste dans la salle ?

Comme je le dis depuis longtemps, je suis heureux et épanoui au Québec. Peut-être pas vraiment plus riche, peut-être pas encore avec la job rêvée, mais avec un esprit beaucoup plus léger et un extraordinaire bien-être. Le Québec m’a apporté tout cela, et à mes yeux, il n’y a que cela qui compte vraiment.

Mon intégration, même si je doute qu’elle puisse se terminer un jour, est sur la bonne voie. Il reste encore des choses à faire, mais je me sens ici vraiment chez moi. En plus, chaque jour que je passe à Montréal me fait aimer encore plus cette ville. C’est étonnant de voir tant de diversité et l’on peut tomber sur des choses ou des personnages vraiment surprenants, au détour d’un simple coin de rue. Montréal a quelque chose de magique et, en plus, même si c’est une grande ville, j’ai du mal à vraiment la prendre pour ce genre de ville nord-américaine, impersonnelle et populeuse tellement Montréal est diversifiée et… humaine !

J’ai vraiment l’impression d’avoir été adopté par le Québec et je me fonds vraiment dans cet environnement. Cela fait environ deux ans que l’on ne me prend plus pour un « simple » touriste, à part peut-être quand je me retrouve avec la sympathique petite gang de nouveaux arrivants ! Ah ah ah ! Sérieusement, le vocabulaire évolue, peut-être aussi l’intonation des mots, l’accent français s’adoucit et aide, je crois, à passer pour un résident de Montréal, avant de passer pour le Français égaré dans ces fameux « arpents de neige », comme jadis le disait Voltaire.

Certes, on me voit et l’on me verra toujours comme l’immigrant Français, mais où est le mal puisque c’est la vérité ? Une bonne intégration ne signifie pas qu’il faille passer pour un Québécois, mais plutôt d’être en parfaite harmonie avec ce qui nous entoure. La difficulté, c’est d’arriver à trouver un juste équilibre entre le fait qu’on vous prend déjà pour un Québécois en France et que vous resterez un Français au Québec. Où suis-je vraiment ? Qui suis-je en fait ? L’immigrant ne serait-il pas un peu schizophrène ? Québécois certains jours et Français la plupart du temps ?

Pour ma part, je pense que le mieux et de ne même pas se poser de question et de tout simplement se laisser aller !

Reste pour l’intégration : une plus grande maîtrise de l’anglais, passer mon permis de conduire, acheter un char… ;o)

L’aventure immigrer.com

Le site restera toujours lié à mon immigration et, même si je l’ai découvert en cours de procédure, il m’a aidé à mieux connaître les habitudes québécoises et surtout, à comprendre comment ça se passait une fois « là-bas ». Les témoignages de personnes déjà au Québec m’ont été d’un grand support. C’est aussi pour cela que je serai toujours présent, à hanter le forum qui nous est tous cher. Il peut bien évoluer, changer, bouger… cela sera toujours une immense richesse pour ceux qui y sont, et ceux qui rêvent d’y être ! (Je parle du Canada là, pas du forum !).

J’ai aussi adoré écrire toutes ces chroniques (près d’une quarantaine !) et si cela a pu vous faire un peu connaître le Québec et les Québécois, l’objectif aura été atteint ! Cela aura été un véritable plaisir de répondre à l’invitation de Laurence, et d’écrire toutes ces chroniques, même si certaines d’entres-elles « fessaient un peu dans l’dash », je le reconnais !

Mon pari était de vous parler le plus souvent de sujets de fond : de l’intégration d’un nouvel arrivant, à l’hiver, en passant par la défense de la langue et le monde du travail. Car, il faut bien le dire, je ne me voyais pas vous parler de moi et de ma vie ici. J’aurai vite trouvé ça plate voire même carrément sans intérêt. Je vous ai parlé un peu du monde du travail à travers mon expérience, cela fût bien assez je trouve. De plus, le côté « tranche de vie » est déjà très largement exploité sur le forum et de manière talentueuse par d’autres chroniqueurs du site.

Il est vrai aussi que certaines chroniques étaient plus polémistes que d’autres. L’objectif était de provoquer des réactions, mais surtout de faire réfléchir sans forcément chercher à convaincre. Évidemment, lorsqu’on use d’un ton polémiste, on suscite rarement l’indifférence ! La grande majorité du temps, le monde était suffisamment intelligent pour voir quel était le but de ce type de chronique, mais surtout, qu’il ne s’agissait que d’une opinion personnelle. Évidemment, il y en a toujours deux-trois qui se trouvaient un peu dans le champ, poussant même le vice jusqu’à envoyer des messages (souvent privés) contenant pas mal de frustration et d’insultes… Sans doute cherchaient-ils volontairement la pomme de discorde ?

Mais qu’importe ! Tout cela n’est pas bien grave, d’autres chroniqueurs sont passés par là, et d’autres y passeront encore aussi. Il y a eu le chroniqueur « agité », il y a le futur-ex chroniqueur « abrasif », il y aura peut-être un chroniqueur « décapant », qui sait ? ;o)

D’un autre côté, il y a eu surtout beaucoup de plaisir, beaucoup de très intéressantes discussions suite à quelques-unes de ces chroniques, que cela soit sur le forum ou « en vrai ». Et même si certains me reprochaient parfois de trop m’autocensurer (suivez mon regard ah ah !), cela ne m’a jamais empêché de dire ce que je pensais. Non pas parce que j’ai la science infuse, non pas que je sois plus qu’un « simple immigrant », mais parce que mon avis de nouvel arrivant désireux de m’intégrer, peut en aider quelques-uns, mais aussi, comme je le disais plus haut, en faire réfléchir. Si vous avez vu mes chroniques d’une autre façon, c’est que vous n’avez pas vraiment compris ma démarche. C’est bien dommage.

Je remercie donc Laurence et Laurent de m’avoir donné toute cette liberté d’expression et toute cette amplitude pour exprimer ce que je souhaitais. Je ne sais pas si cela a toujours été simple à gérer, mais avec le recul, il y a eu parfois quelques réactions bien cocasses et presque que de bons souvenirs.

Maintenant que mon formulaire de demande de citoyenneté est en cours de remplissage et qu’il partira dans le courant du mois d’octobre, je m’apprête à débuter un nouveau chapitre dans ma vie (vous vous souvenez lors de ma première chronique, je comparais la vie à un ouvrage ?)… Continuant l’aventure de mon immigration, je continuerai à vous faire part de mes sentiments, de mes impressions, de mes opinions… mais cette fois, en tant que Franco-Canadien.

Il était temps que je m’arrête. Mon inspiration manquait vraiment ces derniers temps, de plus, j’aimerais me consacrer encore d’avantage à mon site culturel que j’ai un peu mis de côté durant l’été. Sans doublier aussi de profiter de la belle saison qui va s’en venir vite… et moi, quand je parle de « belle saison », je parle de l’hiver !

En conclusion :

Je voudrais tous vous remercier. Oui, tous ! Que cela soit les présents, les absents. Que cela soit ceux avec qui je me suis un peu chicané, que ceux avec qui je partage pas mal les mêmes idées. Que cela soit les grands rêveurs, que les terre-à-terre. Bref, toute cette communauté loin d’être forcément homogène, mais partageant un point commun : vouloir vivre au Canada.

Sachez aussi qu’il n’y a jamais rien eu de personnel et même si certaines de mes chroniques ou certains des débats entamés sur le forum ont été chauds, ou au ton provocateur, j’ai toujours eu beaucoup de respect pour vous tous… Mis à part peut-être pour les adeptes des petites insultes, mais ils sont tellement rares et insignifiants, qu’ils ne cacheront jamais l’abondance de richesse dont vous faites tous partie.

Place maintenant à du sang neuf, à des chroniqueurs incisifs ou à des chroniqueurs plus mesurés, qu’importe ! Je sais qu’ils apporteront beaucoup, comme vous tous !

Non, ce n’est pas un adieu définitif, même si ça en a un peu l’air. Je serai toujours présent sur le forum (et sur les ondes de Fréquence Caribou, ou de Fréquence Orignal pour Peanut), prêt à aider, que cela soit d’une manière ou d’une autre. Je tenais juste depuis longtemps à vous dire tout cela, car le succès d’un site comme celui-ci, ce n’est pas simplement le fait qu’il puisse y avoir des administrateurs, des modérateurs et des chroniqueurs, c’est aussi parce que vous y êtes présents !

Alors bon courage à toutes celles et ceux qui veulent immigrer. Sachez que ce pays et ses habitants en valent vraiment la peine !

Et n’oubliez pas : notre vie, on ne la recommence jamais, on la poursuit ; il n’y a que la destination qui a changé !

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Sécuritaire

Il y a beaucoup de termes que j’ai appris depuis que je connais le Québec. Beaucoup de mots que, naturellement, j’emploie de plus en plus au contact des Québécois. Parmi ces mots, il y a le terme « sécuritaire ». C’est un terme de la langue française, ce n’est donc pas un néologisme local. Reste que ce mot est employé tellement souvent ici qu’il apparaît presque comme une spécificité québécoise. On parlera ainsi de voiture sécuritaire, de placements sécuritaires, de comportements sécuritaires, etc.

Mais le terme prend toute sa dimension lorsque l’on met le nez dehors. Après six années passées à Paris, puis dans d’autres grandes villes françaises, la méfiance était devenue comme une seconde nature, un véritable instinct ! Ce n’est pas par hasard que l’insécurité soit désormais la principale préoccupation des Français.

Ici, pas de voitures incendiées, pas d’émeutes (si l’on met de côté un concert rock il y a quelques années), pas d’attaque de fourgons blindés, pas ou peu de vandalisme. Les cabines téléphoniques fonctionnent encore toutes à pièces de monnaie et elles sont en parfait état.

Car l’insécurité née d’un sentiment. Je m’explique : même si vous n’avez pas été sujet à une agression, si vous constatez des marques de violence dans votre environnement, vous allez naturellement avoir une certaine appréhension. Par contre, si tout autour de vous semble en ordre, vous n’aurez pas de raison d’avoir peur. J’avoue que même à Montréal, je me sens en parfaite sécurité, donc, vraiment libre de tous mes mouvements !

Moins de violence, moins de peur, moins d’affrontement… Ca change la vie ! Y-a t-il pour autant moins de liberté et plus de policiers ? Justement pas ! Je m’étonne de voir si peu de policiers dans les rues, à se demander presque s’il se passe quelque chose en ville ! D’ailleurs, en regardant le journal télévisé, on voit bien que la violence est quasi absente ! On parle de choses dramatiques, telles qu’un enfant battu ou un père qui tue sa famille. Des sujets graves mais qui ne feraient qu’un passage éclair au journal de TF1… Ici, ca vaut un reportage de 10 minutes ! Oh ! Heureusement pour le Journal de Montréal et pour TVA, il y a les gangs de motards pour vendre leur soupe, sans cela, je ne sais pas ce qu’ils deviendraient eux-autres !

Chronique parue sur le site immigrer.com

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Bagages pour Montréal

Me voilà donc face à ma première « page blanche ». Face à cette première chronique, qui ressemble tant, dans le fond, à ce qu’est une immigration : une page blanche dans le livre de notre vie.

J’aime d’ailleurs souvent comparer la vie à un livre. Ou devrais-je dire à un ouvrage ! Le double sens de ce terme est beaucoup plus révélateur. On ne repart donc jamais de zéro. Notre passé est là, juste inscrit sur les pages précédentes. Changer de pays, c’est commencer un nouveau chapitre, commencer de nouvelles expériences. Mais notre vécu, lui, il est toujours bel et bien présent, jamais très loin.

Évidemment, une immigration, de nos jours, ne ressemble en rien à ce qu’ont connu nos prédécesseurs du siècle dernier. Finis les vieux cargos rouillés et surchargés qui déversent un flot d’immigrants européens sur le port de Montréal. Finies les longues files d’attentes pour faire étamper son visa. Même s’il est difficile de trouver un logement à Montréal, nous avons la chance de ne pas être entassés dans des entrepôts désaffectés le temps de trouver un travail.

Loin donc de ces images de documentaires historiques, l’immigration n’en reste pas moins une aventure et ça serait une grave erreur que de sous-estimer ce qui nous attend. Nos bagages, il faut bien les poser quelque part. Notre vie, il faut bien la reconstruire. L’erreur serait de penser que notre nouvelle terre d’accueil va s’adapter d’elle-même à notre arrivée, comme si elle n’attendait que nous. C’est à nous de faire l’effort d’adaptation à un nouveau style de vie, non pas l’inverse.

L’immigration n’est donc rien d’autre qu’une grande et belle aventure. L’aventure avec son lot de bonnes, mais aussi de mauvaises surprises. Ce qui est le plus frappant, je pense, c’est de constater le fossé qu’il y a sitôt que l’on passe du statut de « touriste » à celui « d’immigrant ». On voit les choses de manière tellement différente, comme si l’on redécouvrait une nouvelle fois le Québec. Même après huit mois passés ici, je me surprends parfois à me pincer en me disant : « Bon Dieu, je suis à Montréal ! C’est tellement dingue ! ». Mes bagages à moi sont donc posés. Mais l’aventure ne fait que commencer et ma page blanche a fini par se remplir, tout comme ma nouvelle vie ici…

Chronique parue sur le site immigrer.com en juin 2002