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Le salon prend forme

Je poursuis tranquillement l’aménagement de mon nouveau condo. Le canapé en cuir, remplace désormais avantageusement mon vieux canapé -lit, acheté chez Brault & Martineau, il y a près de dix ans maintenant. Celui-ci a tout de même plus de classe et puis, depuis le temps que j’en voulais un en cuir, voilà qui est fait.

À la faveur d’une superbe journée ensoleillée, j’ai pris ce cliché, alors que les rayons du soleil pénétraient subtillement, entre les lattes des mes stores. L’effet étant plutôt joli, il aurait été dommage de ne pas vous en faire profiter. En plus, ça vous donnera une idée de ce à quoi ressemble le salon maintenant.

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Le pays du froid et des moustiques

Pas facile de résumer le climat québécois dans un titre. Malgré tout, je trouve que cette toune de Lili Fatale illustre assez bien certains aspects et paradoxes que l’on retrouve ici.

À la faveur donc de l’arrivée des douceurs printanières, marquant par le fait même la fin des rigueurs de l’hiver, revenons un temps sur un sujet qui en inquiète plus d’un : le climat québécois. Évidemment, il sera question de l’hiver, mais cela serait passer totalement à côté du sujet que de réduire les questions climatiques à un simple épisode hivernal, aussi long soit-il.

Une première chose à bien avoir en tête : ici, il y a quatre vraies saisons. Quatre vraies saisons qui ont des durées variables, certes, mais qui provoquent de multiples transformations, voire de profondes métamorphoses du paysage. Rien à voir donc avec cet automne interminable, si commun aux latitudes parisiennes.

Deuxième chose très importante à connaître : le Québec, et l’ensemble du Canada, n’ont pas un climat tempéré comme en Europe occidentale. Pas ou peu d’influence océanique, exception faite de la région de Vancouver qui subit (le terme est choisi), une forte influence venant du Pacifique.

Lorsque l’on parle de climat « non tempéré », une idée préconçue consiste encore une fois à ne penser qu’à la saison hivernale, mais la réalité ne se limite pas à cela. Loin s’en faut !

Dernière chose, durant toute l’année, la durée d’ensoleillement à Montréal est largement supérieure à celle de Paris, y compris durant les mois d’hiver ! À bon entendeur…

Le printemps : en quatrième vitesse !

Commençons par le printemps, puis ça tombe bien, il vient de commencer depuis quelques jours. Oui, évidemment, si vous vous trouvez en Europe, vous vous dites qu’arrivé fin avril, il serait temps qu’il commence ce printemps !

Le printemps, c’est aussi le temps des sucres

Il se trouve que cette saison marque les premiers bouleversements climatiques de l’année. Arrivé vers la fin mars (début théorique du printemps), les températures parfois extrêmes de l’hiver font place à des journées froides, certes, mais qui paraissent tellement plus douces comparativement aux –20°C ou –30°C des mois de janvier et février. En clair, à quelles températures faut-il s’attendre ? Disons aux alentours de –5°/0°C, avec des pointes plus hautes et plus basses. La moyenne du mois de mars à Montréal est de –1°C (-4°C pour Québec).

Fin mars début avril (selon les années), on a parfois l’impression de revenir en arrière, de revenir à l’automne. La neige fond, laissant doucement apparaître les vestiges laissés derrière nous en novembre : feuilles mortes, herbe humide et brûlée par le gel. Et lorsque je dis « vestiges oubliés », je parle aussi des déchets parfois négligemment laissés entre deux tempêtes et les centaines de mégots de cigarettes, jadis fumés furtivement et frileusement par les employés de bureau pendant leurs pauses.

Bref, après cinq mois d’hiver, la nature poursuit sa décomposition interrompue par le gel et la neige. Odeurs d’herbe et de feuilles humides, de terre gorgée d’eau… tout ce qui rappelle l’automne donc. Mais cette sensation s’évapore très vite (le terme est bien choisi, vous ne trouvez pas ?), selon les faveurs du soleil, de plus en plus présent est surtout, de plus en plus efficace !

Arrivés donc en avril, les températures effectuent des allers et retours d’un côté et de l’autre du fameux et redouté point de congélation. Avril, c’est sans doute le mois où les écarts de températures sont les plus forts. En passant d’ailleurs, les grands changements de températures parfois constatés dans une même journée, est une autre caractéristique du climat québécois. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir des températures de 20°C en avril, mais il n’est pas exceptionnel non plus d’en avoir aux alentours de –10°C. Il y a quelques années d’ailleurs, quelques jours après la tempête de neige pascale, les températures ont atteint les 28°C et nous sortions en manches courtes, tout en contemplant les tas de neige fondre… comme neige au soleil justement !

Écarts de température qui, au début et à la fin de l’hiver, provoquent souvent des vagues de contagions de rhume dans les entreprises et les écoles. C’est le climat des amplitudes thermiques extrêmes. C’est surtout cela, bien plus que de l’hiver, dont il faut vraiment faire attention. D’ailleurs, le moment où l’on entend le plus tousser dans les transports en commun, ce n’est pas en janvier ou février, mais dès qu’il y a des petits redoux et lorsque l’hiver touche à sa fin.

Pour revenir au mois d’avril, vous comprenez donc notre embarras lorsqu’on nous demande quelle est la température durant ce mois. La moyenne de 6°C pour Montréal (3°C pour Québec), ne veut vraiment rien dire !

Arrivé au mois de mai, cela se précise. On approche les 200 heures d’ensoleillement pour le mois (à Montréal) et les tables commencent à garnir les terrasses des bars et cafés. C’est aussi durant le mois de mai que les températures à Montréal dépassent celles constatées à Paris et dans la plupart des villes françaises. Avec le mois de juin, c’est sans doute le mois le plus agréable de l’année.

D’ailleurs, les températures constatées en juin à Montréal sont presque identiques à celles de la ville de… Nice !

L’été : l’autre saison des extrêmes.

Et voici donc l’été… Autre grand bouleversement ! Des températures chaudes, parfois même très chaudes, qui sont encore une fois identiques à celles de Nice. Différence de taille, l’humidité qui confère une toute autre impression. (Voir ma chronique : « L’été à Montréal« )

En effet, à la faveur d’un courant atmosphérique ayant pris naissance dans le golfe du Mexique, toute la côte Est des Etats-Unis, le Québec et la partie Est de l’Ontario se trouvent pris dans une masse d’air tropical extrêmement humide et chaude.

L’île Ste-Hélène, refuge des montréalais en quête d’un peu de fraîcheur

Il faut d’ailleurs savoir que lors des étés avec de bonnes chaleurs, l’humidité est un facteur aggravant pour le corps humain qui doit fournir beaucoup plus d’efforts pour s’adapter. Et là, les ventilateurs ne suffisent plus à se rafraîchir, car l’air doit d’abord être débarrassé de l’humidité. C’est pour cela que l’usage des climatiseurs est très courant, surtout en ville.

Malgré tout, ces périodes de chaleurs quasi-tropicales ne durent pas. Trois ou quatre semaines au plus, réparties tout au long de l’été. Heureusement, le soleil est très souvent présent. En août 2002 d’ailleurs, nous avions dépassé les 300 heures d’ensoleillement durant le mois !

Croyez-moi bien, c’est tout une adaptation ! … Autant l’hiver, quelle que soit la température, on peut facilement se réchauffer (habillement, habitation très bien chauffées…), mais l’été ? Difficile de trouver une parade à la chaleur moite sans utiliser un climatiseur. Et oubliez les soirées « fraîches »… Il y en a rarement en juillet et août !

Bien sûr aussi, qui dit chaleur et humidité, dit moustiques et « grosses bibittes »… Et lorsqu’on dit moustiques et bibittes, cela n’a rien à voir avec les petites bêtes que vous avez coutume d’écraser négligemment sur la terrasse de votre bicoque bordelaise… mais d’anciennes chroniques sur le sujet vous en diront bien plus sur ces encombrants visiteurs estivants.

Parures d’automne.

Après l’hiver, l’automne canadien doit être la saison qui éveille le plus l’imagination. Les immenses forêts rouges et or, le soleil bien présent encore et des températures qui fléchissent doucement.

C’est dans la première quinzaine d’octobre que l’on commence à sentir cette troisième métamorphose de l’année. Mais, tout comme durant le mois d’avril, le temps peut nous réserver quelques surprises : premières chutes de neige, ou températures estivales.

Sans doute l’une des plus belles saisons de l’année

D’ailleurs, c’est aussi durant cette période que peut se produire ce que l’on appelle « l’été des Indiens » (entre le début octobre et la mi-novembre). Oui, ici on dit « été des Indiens », même si tout le monde connaît bien l’expression plus française « d’été Indien ». D’ailleurs, expression que certains Québécois utilisent aussi parfois.

Tout d’abord, l’été des Indiens ne se produit pas de manière systématique. Pour avoir lieu, ce phénomène climatique doit satisfaire plusieurs critères. Cependant, n’oublions pas que l’été des Indiens n’est pas réellement scientifique, mais plutôt populaire. Les critères ne sont donc pas « coulés dans le béton ». Malgré tout, on entend parfois tout et n’importe quoi sur le sujet. Donc, pour mettre les choses au point, on considère que l’on vit un été des Indiens lorsque :

  • la période de temps exceptionnellement chaud suit une période de gel d’au moins 3 jours.
  • le temps est généralement ensoleillé.
  • il n’y a pas ou peu de précipitations.
  • les vents sont légers, de direction variable.
  • il peut y avoir du brouillard matinal.
  • les températures nocturnes sont près des normales de saison.
  • les températures diurnes sont plus élevées que la normale (environ 4 à 6 degrés de plus).
  • ces conditions doivent se poursuivre pendant au moins 3 jours.

L’été des Indiens dure généralement quatre jours et se produit le plus souvent entre le 1er et le 15 octobre. Le phénomène peut également se produire plus d’une fois durant l’automne, mais on peut aussi ne pas le connaître certaines années.

Mais lorsqu’on parle d’été des Indiens, il s’agit là d’un vrai retour de l’été, avec des températures de 25°C voire les dépassant (28°C le 17 octobre 1947 à Sherbrooke).

Alors, il est facile de comprendre que ce phénomène agit aussi sur la nature. D’où les couleurs particulières que l’on connaît tous.

Et cet hiver si… blanc !

Ah l’hiver ! Vous le savez, ma saison préférée ! Je la regrette déjà cet hiver qui s’est achevé trop vite, sans avoir beaucoup de tempêtes de neige. Malgré les ennuis que ça peu me causer, c’est un irrésistible plaisir que de vivre ces hivers québécois incomparables.

L’hiver commence donc en novembre. Même si, ces dernières années, on l’attendait encore en décembre. Malgré tout, c’est en novembre que les premières vraies averses de neige font leur apparition (en principe). Pas de températures bien froides, avec des minimales rarement en dessous de –10°C.

Au mois de décembre, l’épaisseur de neige commence à se constituer (surtout en région). Parfois un redoux, qui provoque de la pluie verglaçante, sans aucun doute ce qu’il y a de plus ennuyant durant les hivers au Québec. Ainsi, il n’est pas rare de se retrouver avec quelques millimètres de glace sur la voiture ou sur les trottoirs. Pas le choix de se déplacer lentement, de passer du temps à gratter, réchauffer et briser.

Au mois de janvier par contre, le froid est bien là. Là, et contrairement à ce que j’ai pu lire parfois ici, l’humidité ne joue presque plus aucun rôle. L’humidité n’accentue l’effet du froid qu’entre les –5 et +5°C… Pas plus bas. Ce qui agit vraiment sur cet effet de froid, c’est le vent !

La ville de Québec et sa parure hivernale

D’ailleurs, il est facile de comprendre qu’en deçà d’une certaine température, l’humidité de l’air se solidifie et les gouttelettes retombent au sol très vite. En 2003 par exemple, suite à l’arrivée d’une masse d’air un peu plus humide, des flocons sont tombés sur Montréal alors que le ciel était tout bleu ! Phénomène qui arrive occasionnellement, alors que le froid vif transforme l’humidité de l’air en une sorte de neige !

Donc, les mois de janvier et février peuvent connaître des températures très froides accentuées par le vent, très présent au Québec. Les fameux 100 jours consécutifs au-dessous de zéro degré, c’est bien plus qu’une légende. Il est même fréquent de connaître plusieurs journées de suite avec des températures maximales (j’insiste sur « maximales ») à deux chiffres, mais en dessous de zéro bien sûr !

Évidemment, tout est prévu pour l’hiver ici ! Depuis le temps, le Québec a pu s’adapter !… Mais lorsqu’il faut aller au travail, attendre le bus, faire ses courses, etc. par –20 ou –30°C, il faut se préparer et également s’adapter. L’hiver au Québec, c’est une affaire sérieuse !

Mais quelle beauté ! Quatrième métamorphose du paysage. On a l’impression de changer de ville, de changer d’environnement. C’est un vrai plaisir ! On guète la moindre averse de neige, on attend impatiemment le bulletin météorologique (qui est même diffusé dans les voitures du métro à Montréal), etc. Bref, on reste prêt à parer à toute éventualité en attendant l’arrivée du printemps…

NB : Ceci est une adaptation d’une chronique que j’avais écrite en avril 2004 pour le site immigrer.com

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Une question d’attitude

C’est au tour du journal La Presse, d’évoquer le problème d’intégration des Français, dans la Belle Province. Sous la plûme de Isabelle Hachey, l’on retrouve les traditionnels questionnements et doutes de certains immigrants.

Des immigrants Français, en six ans, j’en ai vu, j’en ai rencontré… lors des réunions d’immigrer.com, durant les tournages de l’émission « Le Nouveau Monde », à la job, etc. J’ai pu voir qu’il y avait des catégories, pas forcément très définies (et c’est tant mieux), mais bien réelles de Français. D’ailleurs, j’ai assez vite fait le ménage dans mes connaissances à mesure que je découvrais l’état d’esprit de certains… n’ayant pas la patience d’une Mère Thérésa pour remettre quelques désadaptés dans le droit chemin.

Avant d’immigrer, je lisais beaucoup les ouvrages de Michel Déon, un écrivain extraordinaire, qui a beaucoup voyagé et qui s’est installé en Grèce, puis en Irlande. Mais quel est le rapport me diriez-vous ?

Et bien j’avais retenu cette phrase de Déon : «Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter» … En lisant cette phrase, avant même d’immigrer, je me disais qu’elle symbolisait toute l’intégration et que je me devais de ne jamais l’oublier pour réussir à aimer le Québec.

Certes, je l’aimais déjà le Québec, mais l’on sait jamais comment l’on va réagir devant l’adversité. Aurais-je autant aimé le Québec si je n’avais pas trouvé d’emploi ? Aurais-je aimé le Québec si je m’étais senti exclu ? Des questions auxquelles je ne pourrais jamais répondre. Par contre, je me suis toujours dit que si j’apprenais à manger québécois, à boire québécois, à entendre chanter québécois, cela ne pourra que m’aider à me sentir ici chez moi, tout en apprenant de ma patrie d’adoption et en ayant conscience de ce qui s’est passé avant mon arrivée.

Or, certains Français ne veulent pas « manger », « boire » et « entendre chanter » le Québec. Ils ne veulent pas parce qu’ils prennent de haut cette culture. Parce qu’ils se sentiraient régresser s’ils adoptaient les mÅ“urs et les coutumes du pays. Et ne me dites pas que cela n’est pas vrai, j’en ai rencontré pas mal de ce genre d’individus. Ils nous parlent de l’accent québécois, en le trouvant « marrant », mais que jamais ils ne laisseraient leurs enfants l’adopter… un peu comme les Parisiens snobinards qui regardent de haut le patois Cht’i, ou l’accent marseillais. Ces mêmes petits tarés, qui se permettent de sous-titrer un paysan picard, au journal télévisé d’un réseau publique (véridique).

Je parle de l’accent, je pourrais parler du monde du travail, où le « tout frais débarqué » va s’exclamer devant son patron que sa méthode de travail est incorrecte, que lui « sait » comment s’y prendre, parce qu’il sort de telle ou telle école parisienne.
Franchement, ça vous intéresserait, vous, de côtoyer ce genre de trou d’cul ? … Moi, même cinq minutes, c’est au-dessus de mes forces.

Et l’on revient encore et toujours aux mêmes constatations : tout le monde n’est pas fait pour immigrer. Chaque immigrant, et quelque soit le pays dans lequel il s’installe, connaît son lot de problèmes. Car nos sociétés de confort, la facilité des moyens de communication, nous font oublier que le déracinement n’est jamais facile pour un individu, ce n’est pas quelque chose de naturel ou d’évident.

Mais c’est d’abord et avant tout, une question d’attitude !!!

Les quelques frustrés qui polluent l’Internet de leurs délires d’inadaptés sociaux, disent régulièrement qu’ils passent pour des maudits français… Évidemment ! Ils tiennent à garder les Québécois à distance en créant, eux-mêmes, une frontière avec leurs interlocuteurs. Eux-mêmes parlent de « eux » (les Québécois), et de « nous » (les Français)…

En plus de six ans, personnellement, je ne me suis jamais fait traiter de maudit français. Et pourtant, maintenant que je pense bien connaître le Québec, je ne me retiens pas pour dire ce que j’aime pas ici… pour dénoncer la sociale-démocratie, la culture du déficit, etc. Mais, la grosse différence, c’est que mes phrases comportent toujours le fameux « nous »… je m’inclus dans cette société, non pas parce que j’aimerais en faire partie, mais parce que j’en fais partie ! Je vis ici, je paye mes impôts ici, je travaille ici… et que même s’il y a des problèmes que je dénonce, jamais je prendrais les Québécois pour des crétins, car cela serait comme m’en prendre à moi-même et que le mieux et encore d’essayer d’améliorer les choses, modestement, à mon niveau.

Lorsque vous lisez les inepties de ces quelques Français, avez-vous vraiment l’impression qu’ils font des efforts pour faire partie de cette société ? … Des efforts tangibles et durables j’entends, pas des affaires du genre : « j’ai essayé au début, mais après trois mois j’ai laissé tomber ».

Et c’est dans l’attitude face à l’adversité que mes fameuses « catégories de Français » ressortent.

Il y en a qui vont facilement baisser les bras. Et c’est vrai que loin de sa famille, de ses anciens amis, ce n’est pas facile, mais cela aurait été pareil dans un autre pays… Oui, l’immigration n’est pas facile. Mais certains, au lieu de montrer de la persévérance, du « chien », du courage quoi… vont se laisser glisser tranquillement… Et, à force de chercher un salut, vont parfois tomber sur le site immigrer-contact (et autres déversoirs de haine) et vont se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls à vivre difficilement une immigration. La bonne affaire ! On le sait que ce n’est pas facile !

… et là, ils retrouvent des discours de haine, d’auto-exclusion et cela les rassurent. Ben oui ! … Ils découvrent qu’ils n’ont pas à se remettre en question !… Ils découvrent que tout est de la faute de la DGQ, des Québécois… bref, des « autres ». Eux, ils sont Français, donc ils sont « au-dessus » de la masse.

Un grand ouf de soulagement pour ces quelques égarés et la spirale de la descente aux enfers commence… Ils se crinquent ensemble, tellement heureux de voir qu’ils ne sont pas seuls.

D’autres, la majorité en fait, ont bien conscience des difficultés de l’immigration et vont se retrousser les manches, même s’ils vont chercher de l’aide autour d’eux, aupès d’autres immigrants, auprès des services gouvernementaux… Cette démarche positive sera très souvent salutaire et leur désir d’intégration fera le reste.

Ben oui ! L’immigration n’est pas facile et des Français s’attendent à ce que cela soit des vacances juste parce que les Québécois sont chaleureux, et qu’ils parlent la même langue ! Ainsi, ils omettent les 250 ans d’histoire distincte, l’environnement nord-américain, le giron canadien… des détails vous pensez ?

Cela prend du temps pour s’intégrer et c’est vrai que cela prend des efforts… mais bien honnêtement, depuis quelques temps maintenant, je me sens avant tout Québécois… Québécois d’origine française, Québécois qui ne le sera JAMAIS à 100%, mais Québécois quand même. C’est ce que je ressens au fond de moi et je sais bien que je vais rencontrer des Québécois qui ne le verront pas forcément de cette manière, c’est normal… mais quelle importance ? L’importance c’est ce que je sens, ce que je pense, ce que je vis et non pas se qu’en disent les autres.

Oui, tout s’est bien passé pour moi… J’ai été chanceux ?… Pas sûr. Disons que je voulais ardemment faire partie de cette société et que j’ai toujours eu une attitude positive, même face à l’adversité. C’est ma personnalité… peut-être fais-je partie de ces individus qui sont fais pour l’immigration. Peut-être… seul l’avenir le dira. Parait-il qu’un immigrant connaît une « crise » vers les 10/12 ans de présence à l’étranger.

Mouais… mais pour moi l’étranger, c’est dès que je quitte le Québec !

Pour lire les articles de la Presse :

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Immigration et idéalisation

Vous en êtes tous bien conscients, que cela soit en tant que futur immigrant ou qu’en tant qu’immigrant accompli, si l’on décide de s’installer quelque part, c’est soit pour vivre une expérience, soit pour améliorer sa condition de vie. Soyons d’ailleurs réalistes, la plupart du temps on décide de changer de pays pour ces deux raisons. L’aventure, mais pas trop !

En effet, je ne connais pas beaucoup de monde qui souhaiterait immigrer pour voir leur condition de vie se dégrader. À moins d’avoir certaines prédispositions pour le masochisme, notre condition de vie est tout de même l’une des principales choses que l’on souhaite améliorer en quittant son pays d’origine.

Évidemment, selon d’où on vient, les variations peuvent être plus ou moins importantes. J’imagine que lorsque l’on vient d’un pays pauvre, ou en proie à une certaine instabilité politique, nos conditions de vie ici seront transformées, ce qui ne sera peut-être pas aussi flagrant pour un ressortissant de l’Europe occidentale par exemple. De plus, selon les individus, on ne recherche pas tous la même « transformation ».

Ce qui est assez unique au Québec, mais aussi au Canada, c’est que se sont des endroits où l’on peut satisfaire aussi bien ses aspirations aventurières, que son esprit casanier et citadin. Et même pourquoi pas les deux !

Alors, lorsque l’on attend la fameuse missive brune de l’ambassade canadienne (le visa), on se prend à imaginer notre vie là-bas, de l’autre côté de l’océan. Et lorsqu’on imagine, on pense inévitablement aux clichés ressassés des paysages canadiens et québécois. De ces étendues blanches et immaculées, de la Transcanadienne rectiligne qui fend l’épaisse forêt jusqu’à en rejoindre l’horizon. Bien sûr, on imagine aussi que cela ira mieux dans notre existence. Qu’on aura un bon travail, payé convenablement et que l’on sera rempli d’une grande sérénité, loin de certaines préoccupations qui mine notre petite routine.

Et puis il y a les amis et la famille. Ces personnes qui ne comprennent pas toujours les raisons et les motivations de votre choix. Et même pour ceux qui vous encouragent dans votre décision, il ne sera pas toujours inutile de tout de même leur expliquer vos raisons.

Il est clair à ce moment là que vous n’allez pas leur expliquer tous les défauts de votre futur lieu de résidence et les inconvénients d’une vie au Canada. D’ailleurs, il est bien rare de connaître les défauts avant de véritablement y vivre. À moins de se savoir frileux, auquel cas il y a un inconvénient qui vous viendra naturellement à l’esprit. En tout cas j’imagine !

Tout le monde n’est pas fait pour immigrer.

Sachant tout cela, où ce situe exactement la frontière entre l’idéalisation béate et le réalisme terre-à-terre de sa future expérience de vie ? Ne sommes-nous pas tous, à un moment donné, rendu coupables de dire ou même de penser que cela sera tellement plus merveilleux une fois rendu au Canada ? Ah ! Loin les soucis, loin la routine ! Notre vie va être littéralement transformée ! …. Peut-être que j’exagère un peu, mais à lire certains messages parfois sur le forum (nda : le forum du site immigrer.com), cela m’effraye presque. Car, même si le Québec et le Canada ont des avantages indéniables et que la vie ici peu pleinement satisfaire certaines personnes (j’en suis !), il faut aussi bien avoir en tête que tout le monde n’est pas fait pour vivre dans un autre pays que le sien. Tout le monde n’est pas fait pour le Québec ou le Canada.

De là, le risque de trop idéaliser son futur pays d’adoption est tout de même bien présent, mais ce phénomène peut aussi être assez compréhensif. En effet, l’attente peut être parfois grande, le désir de transformer sa vie peut être parfois fort, à tel point que l’on ressent ce besoin de se convaincre soi-même de la justesse de son choix.

Il y a aussi un autre élément à ne pas négliger. L’immigration n’est pas quelque chose de facile, on en a très souvent parlé : l’éloignement, le changement de vie et de carrière, l’adaptation puis l’intégration…. bref, des tas de choses qui ne sont, a priori, pas très naturelles pour l’être humain. Alors, comme pour se motiver dans les temps difficiles de la préparation au grand départ, certains peuvent être tentés d’idéaliser le Canada.

Cela ne serait pas spécialement dangereux si cela ne concernait pas leur propre avenir. Cela est dangereux dans le fait que l’on se heurte violemment, une fois arrivé, à la réalité qui n’est pas forcément celles des cartes postales et des guides touristiques. Réalité qui n’est pas forcément celle que l’on s’était imaginé et même approprié.

Dans les difficultés quotidiennes que revêt l’apprentissage de tout nouvel arrivant, se rendre compte que la réalité ne correspond pas à nos aspirations peut littéralement casser notre élan, briser la plus grande des motivations et plonger l’immigrant dans le doute, voire même le désespoir.

C’est souvent le conseil que je donne aux futurs immigrants : n’attendez rien de votre future vie au Québec, à part peut-être vous sentir mieux dans votre peau, car, c’est tout de même ce qui arrive dans la très grande majorité des cas. N’attendez rien ou plutôt, n’ayez pas d’attentes trop fortes et disproportionnées. Il est certain qu’ici vous aurez la sécurité, vous verrez ce qu’est vraiment le respect et la civilité, mais ne vous imaginez pas décrocher la job du siècle et devenir riche…. À moins de l’être déjà, bien sûr.

Et puis, même dans le meilleur pays au monde, on peut aussi se tromper. La réussite, c’est d’abord une affaire personnelle. La chance, on la crée. Son existence, on la construit et l’on en est le seul responsable, quel que soit l’endroit où l’on a décidé de poser sa valise. C’est d’abord une question de motivation et de tempérament…. mais ça, vous le saviez non ?

 

Cette chronique est une réactualisation de celle parue en mai 2004 sur le site immigrer.com.

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De retour « cheu nous »

Mon Boeing était « bleu de mer », comme dans la chanson de Charlebois. Hier, vers 19h30, les roues du 767 se sont posées sur la piste détrempée de l’aéroport de Montréal.

Cela faisait près de quatre ans que je n’avais pas été en France. Et je dois vous dire très franchement, cela ne me manquait pas vraiment.

Certes, j’adore Paris et j’ai apprécié les quelques heures passées dans la capitale, la bonne bouffe de bistro arrosée d’une Leffe. J’aurai aussi beaucoup aimé aller à Lille, ma deuxième ville d’adoption après Montréal, mais je ne pense pas que ma famille aurait vraiment apprécié que je leur fausse compagnie, alors que nous ne nous sommes pas vus depuis plusieurs années. Serait-ce cela que l’on nomme « obligations familiales » ?

Évidemment, il était temps que je retrouve ma Normandie natale. Me recueillir sur la tombe de mon grand-père que je n’ai pas vu partir, constater que les gens changent, tout comme on m’a trouvé changé. Retrouver mes vieux réflexes français, en faisant attention où je pose mes pieds afin d’éviter certains désagréments olfactifs.

Cela m’a tout de même fait du bien, de passer une semaine sans internet (ou presque).

Quoi dire d’autre ? … À part que le temps est pourri dans la moitié nord de la France, tout comme à Montréal. Que je me plais toujours beaucoup plus ici au Québec, qu’en France. Cela doit d’ailleurs se voir un peu, puisque personne ne m’a demandé si je comptais revenir y vivre, contrairement aux autres fois. Jean, un bon ami de la famille, continue à me dire sans relâche (il le fait depuis qu’il a su que je m’installais au Québec) que j’ai bien fait de quitter la France et qu’à mon âge, il aurait fait pareil… même ma mère n’a rien trouvé à lui répliquer. C’est pour dire !

Sacré Jean… tout un numéro celui-là ! Ancien pilote de chasse dans l’armée, il a longtemps travaillé dans l’aéronautique. Alors quand il a su que je travaillais pour Bombardier, il a commencé à me raconter des tas d’histoires sur ses amis Canadiens de chez Canadair, qu’il rencontrait lors des salons de l’aéronautique du Bourget. Il en a tellement fait dans sa vie, il a tellement voyagé, un vrai baroudeur, qu’il nous fait toujours passer d’excellents moments à nous raconter ses aventures. En tous cas, j’ai bien été content de le revoir !

Mais me voilà de retour… dans cette ville de Montréal que j’adore ! Je vais maintenant essayer de profiter des quinze jours de vacances qu’il me reste, avant de retrouver ma petite routine quotidienne.

Sinon, en vrac :

  • Zoom Airlines : très correct pour le prix. Service à bord sans faute. Évidemment, comme pour tout vol nolisé, les espaces pour les jambes sont étroits.
  • Aéroport Charles-de-Gaulle, T3 : ce terminal est vraiment pourri. Attente de 1h30 pour passer la sécurité, obligé de prendre un bus pour se rendre à l’appareil, pas de climatisation…
  • Aéroport de Dorval : les nouveaux aménagements sont excellents. Peu d’attente, aussi bien à l’embarquement qu’au débarquement. J’ai passé les douanes en 15 minutes et les bagages sont arrivés très rapidement.
  • Les Français : peut-être grâce aux vacances estivales, j’ai vu peu de râleurs. Par contre, ils sont toujours aussi nerveux au volant !
  • Note pour plus tard : ne jamais dire du bien de vins non-français à des Français de France !
  • Le Vieux-Rouen est toujours aussi magnifique…
  • … le « 6e pont » de Rouen est, lui, d’une profonde laideur, mais un prodige technologique.
  • Ça fait bizarre d’entendre les « Pin-Pon » des voitures de police.
  • Les nouvelles Peugeot sont vraiment bien, par contre, les Renault sont de plus en plus laides, c’est vraiment effrayant ! Citroën : bof, bof… J’ai bien aimé la nouvelle Lancia Ypsilon de ma mère, j’aurais d’ailleurs jamais imaginé dire du bien d’une Lancia !
  • Les télé-séries françaises sont vraiment à chier !
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Dans le « Courrier International »

Sacrée belle surprise ! Alerté par courriel dans l’après-midi, j’apprends que mon blog apparaît dans l’hebdomadaire français « Courrier International ».

Autant le dire franchement, j’ai toujours considéré ce site comme un passe-temps. Un moyen de partager mes passions, mes humeurs, mais sans prétention aucune.

Ce site est un peu comme la feuille que je griffonne sur un coin de table, pendant une conversation téléphonique interminable. C’est un peu comme le cahier qu’Antoine Blondin ouvrait pour y laisser ses pensées, ses idées, ses réflexions, ses textes de chansons même ! Tout comme Antoine, j’y trouve « Un malin plaisir » (éd. La Table Ronde).

Alors qu’un hebdomadaire aussi connu que « Courrier International » parle de mon « griffonnage » virtuel, ça m’étonne un peu. Mais je n’en suis pas moins flatté !

Pour en venir au fait, c’est à l’occasion d’un dossier intitulé « Le Québec vu d’ailleurs », que Courrier International recense quelques sources d’informations sur la belle province, ainsi que des blogs d’immigrants.

Je cite :

La Grenouille Givrée
« Le parrain des bloguistes immigrés, Jean-Philippe, vit au Québec depuis cinq ans et peut disserter doctement sur son sport national, le hockey, ce qui indique un taux d’intégration élevé. »

Source de l’article : Courrier International

Même si je m’interroge encore sur l’appellation de « parrain », j’avoue que le commentaire est bien gentil. Si mon blog peut plaire à quelques lecteurs, j’en suis ravi !

Plus loin, l’on peut voir que la journaliste de Courrier International Marianne Niosi a du goût, puisqu’elle cite aussi deux autres de mes chums :

www.montrealamoi.com
« Isa et Tof ont fait le grand saut à Montréal en 2004, date de leurs premiers messages. Sur le ton « Le Québec raconté aux Français », leur site web répertorie notamment des clips de leurs médias québécois préférés. »

www.immigrer.com
« Où trouver un manteau d’hiver utile par – 30 °C et bon marché ? Que dire aux entretiens de sélection de l’ambassade du Canada ? La réponse à ces questions, et à bien d’autres, se trouve sur les forums de ce site créé par un Français expatrié. »

Bravo à Isa et Tof, bravo aussi à Laurence et Laurent ! Ça fait vraiment plaisir de se retrouver dans un même article !

Voilà donc la nouvelle de la journée ! Merci au « Courrier International », merci aussi à vous chers lecteurs !

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Cinq ans

Ça paraissait encore l’été… un beau grand ciel bleu semblait me souhaiter la bienvenue à Montréal. C’était il y a déjà cinq ans, c’était le 30 septembre 2001.

De cette journée inoubliable, je me souviens d’à peu près tous les détails. Du passage aux douanes, puis aux services d’immigration du Canada et du Québec, de mon arrivée sur le Plateau-Mont-Royal, de la découverte des gens qui allaient devenir mes colocataires durant un mois, des rires que j’ai pu avoir avec eux… mais aussi de la fatigue qui se fît assez vite ressentir.

C’était mon immigration… une immigration sans douleur, sans véritable obstacle et surtout sans grands regrets.

Voilà que cinq années se sont déjà passées. C’est vraiment impressionnant comment tout passe et s’enchaîne si rapidement ! Je ne vois plus le temps passer… l’automne arrive et je m’apprête déjà à vivre mon sixième hiver au Québec !

D’ailleurs, en parlant de saisons, je reste ébloui par les métamorphoses du paysage, qu’il soit naturel ou urbain. Cela est fascinant ! Il y quelques semaines, le thermomètre dépassait les 30°C, et d’ici quelques autres, c’est plutôt les -30°C que nous allons connaître (en tous cas, je le souhaite !).

Et durant ces métamorphoses, j’ai l’impression de changer d’endroit, de changer de ville… hier les festivals s’enchaînaient dans les rues de Montréal, aujourd’hui l’odeur des feuilles mortes embaume la ville entière, demain le silence des tempêtes de neige recouvrira la métropole. J’aime ces changements, j’aime le début de l’automne, j’adore l’hiver sec et froid, j’aime le printemps et le début de l’été… j’aime beaucoup moins cette chaleur humide parfois épouvantable des étés du Sud du Québec !

Je n’ai pas de bilan à vous livrer ici. Je n’aime pas trop parler de moi et je pense que l’heure n’est plus à faire des bilans. Tout ce que je peux dire, c’est que je me sens ici chez moi plus que jamais, et que même si le pays parfait n’existe pas sur cette terre, je me sens bien et épanoui dans cette ville que j’aime !

J’aime ma vie ici, j’aime mes amis, j’aime mon travail… j’aime le calme du Québec et des Québécois. J’aime cette sérénité communicative et cette atmosphère pacifique.

Et si c’était à refaire ? Je le referais sans hésiter une seule seconde !

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Mon premier voyage au Québec

Le 4 août 2000, je partais pour mon premier voyage touristique au Québec. Impatient et en même temps fébrile, je partais pour une double découverte : la découverte du Québec, mais aussi du continent nord-américain. Près de cinq ans après ce premier voyage, j’ai eu envie de vous parler des péripéties qui se sont accumulées entre Paris et Montréal… Anecdotes…

C’était donc mon premier voyage au Québec, voici maintenant cinq ans jour pour jour. Vu que je voulais y rester quatre semaines (qui se sont finalement transformées en cinq semaines), j’ai cherché à faire des économies sur le vol… sans prendre tout de même de vols nolisés. Mon choix s’est arrêté sur US Airways, qui proposait un tarif intéressant (3 400 FF) pour un vol Paris-Philadelphie-Montréal, aller et retour.

Départ le 4 août sans encombres… arrivée à Philadelphie vers 15 h. Passage aux services d’immigration étasuniens, puis direction le hall B5 pour le vol Philadephie-Montréal.

L’avion devait décoller à 16 h 30. Assis à attendre le vol, je vois dans un premier temps qu’il y a un retard de 30 minutes. Normal… étant un habitué d’Air Farce et de feu Air Inter, je n’angoisse pas plus. Un retard sur un vol, c’est loin d’être exceptionnel.

Quelque 10 minutes plus tard, une des hôtesses d’accueil prend le micro est dit laconiquement que le vol est annulé… sans aucune autre précision.

Incrédulité parmi les voyageurs… on se regarde tous en se demandant ce qu’il peut bien arriver. Puis, voulant avoir quelques précisions, nous sommes une trentaine à nous avancer vers le comptoir. Là, nous nous faisons dire que le vol est annulé à cause du temps ! Rapide coup d’Å“il vers l’extérieur : deux gouttes sont en train de s’écraser mollement sur le tarmac ! Une Québécoise, à côté de moi, me dit qu’elle avait décollé une fois de Jean-Lesage (l’aéroport de Québec) avec deux pieds de neige… alors deux pauvres gouttes, vous pensez bien !

Bref… Le dialogue de sourds continue, et les hôtesses nous invitent à quitter les lieux en nous disant qu’un avion sera à notre disposition demain à 9 h 30… 9 h 30 PM !!!! (Il était 17 h.)

Là, comme pour tourner la lame dans la plaie, elle nous parle d’hôtels… mais qui seront tous pris vu que se déroule la fin de la Convention du Parti Républicain, ici-même à Philadelphie ! De toute manière, mon visa de transit ne me permettait pas de sortir de la zone aéroportuaire. Alors…

Pour une fois, j’étais heureux de retrouver quelques Français qui ne se laissent pas faire (et moi non plus d’ailleurs), et nous demandons un peu plus de service de la part d’une compagnie aérienne pour laquelle nous avons payé nos maudits billets ! C’est tout de même US Airways !

Le dialogue de sourds continue encore… L’hôtesse embarrassée, d’autres voyageurs derrière nous souhaitaient se faire enregistrer pour d’autres vols (nous bloquions, en quelque sorte, le passage)… bref, assez rapidement tout le monde commence à râler. Les Français et les Québécois du vol pour Montréal, puis les Ricains du vol pour Dallas qui ne pouvaient pas se faire enregistrer.

Vers 18 h, un gars en costume cravate avec une épinglette « US Airways » sur le revers de la veste s’approche de nous… Une huile sans aucun doute ! En plus, le gars parle un français assez correct ! Là, il nous dit de le suivre dans le hall principal et qu’il va s’occuper de nous.

Lassés par sept heures de voyage et par les discussions avec l’hôtesse, nous le suivons sans rien dire et il nous fait nous installer dans un coin. De là, nous les voyons à trois ou quatre, derrière un comptoir, à pitonner sur leurs ordis, à fouiller dans des papiers… bref, ils ont l’air de s’arracher les cheveux ! Ou alors, ils sont de bons comédiens…

Au bout d’une demi-heure, le gars revient en nous disant qu’il a peut-être une solution. Un vol Philadelphie-Burlington (dans le Vermont) est prévu à 22 h. De là, un bus (bus, retenez bien ce terme pour la suite) nous conduira à Montréal, qui se situe à deux heures de Burlington.

Qu’est-ce que vous croyez qu’on a fait ? On a accepté ! C’était soit ça, soit passer 27 heures dans l’aéroport de Philadelphie à dormir sur les accueillants sièges en plastique du hall B5 en comptant le nombre d’obèses qui passaient devant nous.

Là, nous avons commencé à être traités humainement. On nous remet des cartes d’appel afin de prévenir nos amis à Montréal, ainsi qu’un bon pour manger gratuitement dans l’un des restos de l’aéroport.

Il nous dit aussi qu’il allait s’occuper de nos bagages… et prend nos tickets d’enregistrement… J’aurai dû me méfier quand il a dit qu’il « n’y aurait pas de problème ». Enfin, ça faisait 20 heures que j’étais debout, on n’allait pas commencer à être méfiants.

Après un substantiel repas, dont j’ai oublié le contenu – mais on s’en fout un peu non ? -, je rejoins le hall je ne sais plus combien pour le vol Philadelphie-Burlington. Rescapés de l’aventure de l’annulation, nous étions aux alentours de 20 personnes.

Montés et attachés dans un vieux B707 qui tremblait de partout, avec les passagers qui rentraient à Burlington avec leurs achats sous les bras… on se serait cru dans un bus de banlieue… Nous finissons par décoller vers 22 h 30 je crois, pour atterrir à Burlington vers minuit.

Attente des bagages… qui défilent devant nous sur les tapis roulants. Je récupère un de mes sacs et attends ma valise… Au bout de 20 minutes, plus aucun bagage n’arrive. Je regarde autour de moi, sur les 20 personnes, cinq avaient l’intégralité des leurs.

Nous questionnons un employé : « Où sont passés nos crisse de bagages ?????? »… Réponse : « S’ils ne sont pas ici, c’est qu’ils sont à Montréal ! »…. Notre réaction :  » ??????!!! »

Ok… ce à quoi nous répondons : « Si nous, on n’a pas pu prendre ce maudit vol pour Mourial, comment ça que nos bagages ont pu s’y rendre ? »… Enfin bref… On laisse faire et nous attendons notre bus.

Après une petite attente, un gars avec un « Stetson » vissé sur la tête, des bottes de « Cow-boy »… manquait juste que les éperons avec le bruit « shling shling » derrière lui… s’approche de nous en marmonnant qu’il est notre chauffeur. Là, nos faces s’éclairent un peu malgré la fatigue.

Nous le suivons et attendons sur le quai extérieur de cet aéroport. Quelques minutes après, un pauvre van genre « Agence tous risques » à deux cennes stationne devant nous… On ne le croit pas ! C’est ÇA, notre ostie de bus ??? (et là vous vous rappelez du passage sur le fameux bus plus haut). Dans mon esprit, un bus, c’est un bus… pas une pauvre fourgonnette, aussi confortable soit-elle !

« Ne vous inquiétez pas, un autre arrive ! »… en effet, un autre van arrive avec une remorque à chevaux attachée à l’arrière pour mettre les… bagages ! Vous avez eu peur là ? ;o)

Bref… ce que nous voulions, c’est rentrer à Montréal ! Les 20, nous nous engouffrons dans les deux véhicules et c’est parti pour deux heures de galère. Je finis par dormir un peu en m’appuyant sur la ceinture de sécurité… pendant qu’un Québécois explique la route à John Wayne dont le cheval ne l’avait jamais mené jusqu’au Nord du lac Champlain ! Cow-boy, mais pas aventurier le gars !

Passage de la frontière… une femme qui nous accompagnait se fait prendre par les douaniers canadiens avec 10 cartouches de clopes alors qu’elle n’avait rien à déclarer… retard pour le paiement de l’amende.

Finalement, vers 3 h 30 du matin, nous arrivons à Dorval et de là, l’épais de chauffeur nous désigne l’intérieur de l’aéroport en nous disant : « Si vos bagages sont arrivés, ils sont là-dedans. »

Vous faites quoi dans ces cas-là ? Vous prenez vos affaires et vous foncez dans le hall de l’aéroport, bien sûr !

À l’intérieur, des dizaines de bagages attendaient, mais pas les nôtres ! Personne pour nous renseigner… vous pensez bien… à 3 h 30 du matin, y’a plus de vols ! Pourquoi quelqu’un serait resté là pour nous renseigner ???

Nous ressortons… et là, on se rend compte que l’ostie de cow-boy était parti pendant que nous cherchions nos bagages. Nous étions pognés là, comme des cons… Évidemment, pas de taxis… vu qu’y a plus d’avions, pourquoi des taxis seraient là à nous attendre ???

Heureusement… un char de la SQ finit par passer. Le policier s’arrête et descend de la voiture. À la vue des 20 égarés que nous étions, avec les traits tirés, un peu de bagages… il commence à rire : « Qu’est-ce que vous foutez-là à cette heure-ci ? »… Nous lui racontons un peu notre histoire et le v’là qui rigole encore plus le niaiseux !

Finalement, entre deux éclats de rire, il appelle sept ou huit taxis pour nous amener à Montréal.

Vers 4 h 30, j’arrive chez mes amis, qui m’attendaient depuis 18 h 30 (heure initialement prévue de mon arrivée). Je récupère ma valise le lendemain sans encombre…

Voilà mon premier voyage au Québec !… Par chance, le reste du séjour, lui, c’est très bien passé.