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Mon premier voyage au Québec

Le 4 août 2000, je partais pour mon premier voyage touristique au Québec. Impatient et en même temps fébrile, je partais pour une double découverte : la découverte du Québec, mais aussi du continent nord-américain. Près de cinq ans après ce premier voyage, j’ai eu envie de vous parler des péripéties qui se sont accumulées entre Paris et Montréal… Anecdotes…

C’était donc mon premier voyage au Québec, voici maintenant cinq ans jour pour jour. Vu que je voulais y rester quatre semaines (qui se sont finalement transformées en cinq semaines), j’ai cherché à faire des économies sur le vol… sans prendre tout de même de vols nolisés. Mon choix s’est arrêté sur US Airways, qui proposait un tarif intéressant (3 400 FF) pour un vol Paris-Philadelphie-Montréal, aller et retour.

Départ le 4 août sans encombres… arrivée à Philadelphie vers 15 h. Passage aux services d’immigration étasuniens, puis direction le hall B5 pour le vol Philadephie-Montréal.

L’avion devait décoller à 16 h 30. Assis à attendre le vol, je vois dans un premier temps qu’il y a un retard de 30 minutes. Normal… étant un habitué d’Air Farce et de feu Air Inter, je n’angoisse pas plus. Un retard sur un vol, c’est loin d’être exceptionnel.

Quelque 10 minutes plus tard, une des hôtesses d’accueil prend le micro est dit laconiquement que le vol est annulé… sans aucune autre précision.

Incrédulité parmi les voyageurs… on se regarde tous en se demandant ce qu’il peut bien arriver. Puis, voulant avoir quelques précisions, nous sommes une trentaine à nous avancer vers le comptoir. Là, nous nous faisons dire que le vol est annulé à cause du temps ! Rapide coup d’Å“il vers l’extérieur : deux gouttes sont en train de s’écraser mollement sur le tarmac ! Une Québécoise, à côté de moi, me dit qu’elle avait décollé une fois de Jean-Lesage (l’aéroport de Québec) avec deux pieds de neige… alors deux pauvres gouttes, vous pensez bien !

Bref… Le dialogue de sourds continue, et les hôtesses nous invitent à quitter les lieux en nous disant qu’un avion sera à notre disposition demain à 9 h 30… 9 h 30 PM !!!! (Il était 17 h.)

Là, comme pour tourner la lame dans la plaie, elle nous parle d’hôtels… mais qui seront tous pris vu que se déroule la fin de la Convention du Parti Républicain, ici-même à Philadelphie ! De toute manière, mon visa de transit ne me permettait pas de sortir de la zone aéroportuaire. Alors…

Pour une fois, j’étais heureux de retrouver quelques Français qui ne se laissent pas faire (et moi non plus d’ailleurs), et nous demandons un peu plus de service de la part d’une compagnie aérienne pour laquelle nous avons payé nos maudits billets ! C’est tout de même US Airways !

Le dialogue de sourds continue encore… L’hôtesse embarrassée, d’autres voyageurs derrière nous souhaitaient se faire enregistrer pour d’autres vols (nous bloquions, en quelque sorte, le passage)… bref, assez rapidement tout le monde commence à râler. Les Français et les Québécois du vol pour Montréal, puis les Ricains du vol pour Dallas qui ne pouvaient pas se faire enregistrer.

Vers 18 h, un gars en costume cravate avec une épinglette « US Airways » sur le revers de la veste s’approche de nous… Une huile sans aucun doute ! En plus, le gars parle un français assez correct ! Là, il nous dit de le suivre dans le hall principal et qu’il va s’occuper de nous.

Lassés par sept heures de voyage et par les discussions avec l’hôtesse, nous le suivons sans rien dire et il nous fait nous installer dans un coin. De là, nous les voyons à trois ou quatre, derrière un comptoir, à pitonner sur leurs ordis, à fouiller dans des papiers… bref, ils ont l’air de s’arracher les cheveux ! Ou alors, ils sont de bons comédiens…

Au bout d’une demi-heure, le gars revient en nous disant qu’il a peut-être une solution. Un vol Philadelphie-Burlington (dans le Vermont) est prévu à 22 h. De là, un bus (bus, retenez bien ce terme pour la suite) nous conduira à Montréal, qui se situe à deux heures de Burlington.

Qu’est-ce que vous croyez qu’on a fait ? On a accepté ! C’était soit ça, soit passer 27 heures dans l’aéroport de Philadelphie à dormir sur les accueillants sièges en plastique du hall B5 en comptant le nombre d’obèses qui passaient devant nous.

Là, nous avons commencé à être traités humainement. On nous remet des cartes d’appel afin de prévenir nos amis à Montréal, ainsi qu’un bon pour manger gratuitement dans l’un des restos de l’aéroport.

Il nous dit aussi qu’il allait s’occuper de nos bagages… et prend nos tickets d’enregistrement… J’aurai dû me méfier quand il a dit qu’il « n’y aurait pas de problème ». Enfin, ça faisait 20 heures que j’étais debout, on n’allait pas commencer à être méfiants.

Après un substantiel repas, dont j’ai oublié le contenu – mais on s’en fout un peu non ? -, je rejoins le hall je ne sais plus combien pour le vol Philadelphie-Burlington. Rescapés de l’aventure de l’annulation, nous étions aux alentours de 20 personnes.

Montés et attachés dans un vieux B707 qui tremblait de partout, avec les passagers qui rentraient à Burlington avec leurs achats sous les bras… on se serait cru dans un bus de banlieue… Nous finissons par décoller vers 22 h 30 je crois, pour atterrir à Burlington vers minuit.

Attente des bagages… qui défilent devant nous sur les tapis roulants. Je récupère un de mes sacs et attends ma valise… Au bout de 20 minutes, plus aucun bagage n’arrive. Je regarde autour de moi, sur les 20 personnes, cinq avaient l’intégralité des leurs.

Nous questionnons un employé : « Où sont passés nos crisse de bagages ?????? »… Réponse : « S’ils ne sont pas ici, c’est qu’ils sont à Montréal ! »…. Notre réaction :  » ??????!!! »

Ok… ce à quoi nous répondons : « Si nous, on n’a pas pu prendre ce maudit vol pour Mourial, comment ça que nos bagages ont pu s’y rendre ? »… Enfin bref… On laisse faire et nous attendons notre bus.

Après une petite attente, un gars avec un « Stetson » vissé sur la tête, des bottes de « Cow-boy »… manquait juste que les éperons avec le bruit « shling shling » derrière lui… s’approche de nous en marmonnant qu’il est notre chauffeur. Là, nos faces s’éclairent un peu malgré la fatigue.

Nous le suivons et attendons sur le quai extérieur de cet aéroport. Quelques minutes après, un pauvre van genre « Agence tous risques » à deux cennes stationne devant nous… On ne le croit pas ! C’est ÇA, notre ostie de bus ??? (et là vous vous rappelez du passage sur le fameux bus plus haut). Dans mon esprit, un bus, c’est un bus… pas une pauvre fourgonnette, aussi confortable soit-elle !

« Ne vous inquiétez pas, un autre arrive ! »… en effet, un autre van arrive avec une remorque à chevaux attachée à l’arrière pour mettre les… bagages ! Vous avez eu peur là ? ;o)

Bref… ce que nous voulions, c’est rentrer à Montréal ! Les 20, nous nous engouffrons dans les deux véhicules et c’est parti pour deux heures de galère. Je finis par dormir un peu en m’appuyant sur la ceinture de sécurité… pendant qu’un Québécois explique la route à John Wayne dont le cheval ne l’avait jamais mené jusqu’au Nord du lac Champlain ! Cow-boy, mais pas aventurier le gars !

Passage de la frontière… une femme qui nous accompagnait se fait prendre par les douaniers canadiens avec 10 cartouches de clopes alors qu’elle n’avait rien à déclarer… retard pour le paiement de l’amende.

Finalement, vers 3 h 30 du matin, nous arrivons à Dorval et de là, l’épais de chauffeur nous désigne l’intérieur de l’aéroport en nous disant : « Si vos bagages sont arrivés, ils sont là-dedans. »

Vous faites quoi dans ces cas-là ? Vous prenez vos affaires et vous foncez dans le hall de l’aéroport, bien sûr !

À l’intérieur, des dizaines de bagages attendaient, mais pas les nôtres ! Personne pour nous renseigner… vous pensez bien… à 3 h 30 du matin, y’a plus de vols ! Pourquoi quelqu’un serait resté là pour nous renseigner ???

Nous ressortons… et là, on se rend compte que l’ostie de cow-boy était parti pendant que nous cherchions nos bagages. Nous étions pognés là, comme des cons… Évidemment, pas de taxis… vu qu’y a plus d’avions, pourquoi des taxis seraient là à nous attendre ???

Heureusement… un char de la SQ finit par passer. Le policier s’arrête et descend de la voiture. À la vue des 20 égarés que nous étions, avec les traits tirés, un peu de bagages… il commence à rire : « Qu’est-ce que vous foutez-là à cette heure-ci ? »… Nous lui racontons un peu notre histoire et le v’là qui rigole encore plus le niaiseux !

Finalement, entre deux éclats de rire, il appelle sept ou huit taxis pour nous amener à Montréal.

Vers 4 h 30, j’arrive chez mes amis, qui m’attendaient depuis 18 h 30 (heure initialement prévue de mon arrivée). Je récupère ma valise le lendemain sans encombre…

Voilà mon premier voyage au Québec !… Par chance, le reste du séjour, lui, c’est très bien passé.

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L’été à Montréal

Lorsque je dis que je vis au Québec, un tas d’images semble se bousculer dans l’esprit de mon interlocuteur étranger. En vrac : Céline, Garou, les indiens, les bûcherons et… l’hiver ! D’ailleurs, cette association entre le Québec et l’hiver est tellement forte, tellement ancrée dans les esprits, que la plupart ont beaucoup de mal à imaginer ce pays sans son épais manteau blanc… Histoire de remettre les pendules à l’heure, je vais vous parler de l’été à Montréal. Certains d’entre vous risquent d’être surpris !

Bien sûr, le Québec, c’est d’abord un hiver long et rigoureux, en tout cas par rapport à ce que l’on peut retrouver en Europe occidentale. J’aurai l’occasion d’y revenir dans quelques mois, mais il s’agit bien d’une saison à part.

Pour l’été, dois-je dire que cela a été ma principale surprise, pour ne pas dire mon principal « choc » depuis que je vis ici ?

J’avais bien passé un mois et demi en août et septembre 2000 pour découvrir le Québec, mais j’avais bénéficié, semble-t-il, de températures plus douces que la normale. À part deux ou trois journées très chaudes, je n’avais pas eu à souffrir des fortes chaleurs.

Ce fut alors une grande surprise de vivre l’été 2002, sous une chaleur intense. Et lorsque je parle de chaleur intense, « accablante » comme le disent les météorologues d’ici, je parle vraiment de chaleur tout ce qu’il y a d’inconfortable.

Autant mettre les choses au clair dès le départ, mes origines normandes n’y sont pas pour grand-chose. J’ai passé pratiquement tous mes étés durant plus de 15 ans à Cannes et même si j’ai souvent eu chaud, je n’ai jamais eu à subir l’inconfort que je connais parfois ici.

D’ailleurs, en parlant de la Côte-d’Azur, voici un comparatif intéressant entre les températures maximales moyennes à Nice et celles constatées à Montréal durant l’été (ce sont les données météorologiques moyenne des trente dernières années) :

juin juillet août
Nice (France) 23° 26° 27°
Montréal (Québec) 23° 26° 25°
Toulouse (France) 24° 27° 27°

(Sources : MétéoMédia et Météo-France)

Les températures à Montréal en été, sont donc identiques à celles de Nice, si l’on met de côté le maigre deux degrés d’écart du mois d’août. Elles sont équivalentes également à celles de Toulouse. Vous comprendrez alors notre embarras lorsqu’un Français, encore en France, nous demande fin juin, début juillet, si l’été a enfin débuté chez nous !

Non, il ne neige pas en juin au Québec. Nous avons bien enlevé nos tuques (bonnets de laine) en juillet et plus aucune motoneige ne circule en août ! Au contraire, il fait beau et chaud en règle générale durant ces trois mois d’été.

Mais alors, d’où vient cette différence avec la Côte-d’Azur ? D’où vient cet inconfort ?

Le climat de l’Est canadien, c’est une histoire entre deux masses d’air. L’hiver et sa masse d’air arctique qui descend le long du Labrador, apportant un froid sec et parfois intense, et l’été, une masse d’air chargée d’humidité venant tout droit du golfe du Mexique. La masse d’air se charge d’humidité dans les tropiques et remonte lentement toute la côte Est américaine pour se désagréger progressivement dans le Nord canadien.

Eh oui, le climat d’ici n’est pas tempéré. Vous le saviez déjà pour l’hiver, vous le savez maintenant pour l’été !

En Europe occidentale, lorsqu’une masse d’air humide arrive sur le continent, elle est accompagnée la plupart du temps par une baisse des températures. Ainsi, la chaleur relativement sèche laisse la place à une fraîcheur plus humide. Les Européens de l’Ouest ne souffrent donc pas trop des effets de l’humidité, puisqu’elle n’est pas associée à de grosses chaleurs.

Le problème ici, c’est que les masses d’air humides ne font pas baisser les températures pour autant, au contraire, elles en aggravent les effets sur le corps humain. Ainsi, on parle du facteur « humidex », qui est en fait la température réelle augmentée par le coefficient d’humidité de l’air.

Voici un exemple de température que nous avons connu le 28 juin à Montréal :

Le « 32°C » ne veut pas dire grand-chose. Un 32°C dans un air sec, c’est chaud, certes, mais pas insupportable. Par contre, avec le facteur « humidex », le corps humain ressent les mêmes effets que si la température était de 42°C ! Voilà donc la « chaleur accablante » décrite plus haut.

Mais je veux aussi vous rassurer. Les températures extrêmes de la sorte ne durent pas tout l’été. Nous connaissons quelques périodes très chaudes, dix à quinze jours surtout en juillet, parfois un peu en août, mais cela s’achève très vite passé la mi-août.

Évidemment, certaines années sont plus chaudes que d’autres, comme cette année par exemple. À l’inverse, l’été 2004 fut plus maussade et « frais » (frais étant très relatif tout de même).

Autre constante, il fait très souvent beau. Il est même très fréquent d’avoir un bon gros ciel bleu, un soleil de plomb et peu d’air en mouvement. L’ensoleillement peut aussi se comparer à celui de la Côte-d’Azur en été, même si l’avantage revient tout de même plus nettement au midi de la France.

En 2002, nous avons connu plus de 300 heures d’ensoleillement à Montréal durant le mois d’août… le calcul est vite fait, près de dix heures d’ensoleillement par jour ! Ce n’est pas si mal, non ?

Comme sur la Côte-d’Azur, l’été est ponctué de forts orages, parfois même violents et qui repartent aussi vite qu’ils étaient arrivés. Nous en connaissons chaque été, provoquant parfois des inondations subites.

Humidité, chaleur, orages, ciel bleu, soleil… Vous comprendrez mieux alors la présence très importante des climatiseurs dans les habitations québécoises. Cela ne devient plus vraiment un luxe, mais plutôt un confort. Je peux vous dire qu’il ne m’a fallu qu’un seul été pour me rendre compte de l’importance d’acheter un tel appareil, ne serait-ce que pour déshumidifier l’air. Pour 100 à 200$, il est possible de trouver un climatiseur très convenable, à installer dans une chambre à coucher, afin d’avoir des nuits plus paisibles.

Personnellement, j’ai opté pour un climatiseur plus important, histoire de rafraîchir l’ensemble de mon appartement, mais il faut dire que je suis quelqu’un qui a très facilement chaud.

Voici donc un petit résumé du climat montréalais en été. Il est certain que plus vous vous déplacez vers le nord, plus les températures seront clémentes en été… mais aussi plus froides en hiver ! Autant vous prévenir tout de suite !

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Le mal du pays

Il est clair qu’en tant qu’immigrant, loin de son pays d’origine, de ses amis et de sa famille, nous sommes plus susceptibles d’avoir les bleus (le blues, en français de France). Surtout les premières années de son installation. Ceci est amplifié par le fait que le cercle social est souvent inexistant et qu’il est parfois difficile de surmonter seul les soucis associés à l’immigration : emploi difficile à trouver, l’hiver parfois difficile à supporter (je ne parle pas pour moi là !), le choc culturel, la bouffe…

Il est certain que l’absence de repères aggrave le phénomène. Dans son ancien pays, nous avions nos petites habitudes, notre routine qui, même si on la combat souvent, fini toujours par s’installer plus ou moins, les gens qu’on a l’habitude de croiser et les « petits plaisirs » de la vie qui font souvent partie d’un art de vivre associé à notre ancien pays.

Mon plaisir à moi, c’était à partir du mois de juin, lorsque les beaux jours revenaient (ben… parfois en tout cas), lorsque le soleil était levé de bonne heure et que j’allais lire mon journal à une terrasse de café près de Champs-Élysées. Peu de monde, la balayeuse passant sur les trottoirs répandant de l’eau dans un bruit presque sympathique. Le garçon de café, en nÅ“ud papillon noir avec la chemise blanche qui vous apporte un café noir avec deux croissants croustillants qui, lorsque j’étais chanceux, étaient encore tièdes. C’est certain que cela fait partie des choses qui me manquent. Tout comme les bons gueuletons que certaines mauvaises langues qualifieraient de « franchouillards » que je prenais au Café du Dôme près du Champs-de-Mars : rillettes du Mans dans une grande assiette, de la cochonnaille en quantité arrosée par un bon vin d’Anjou à la bonne température (chose rare à Paris). Repas bien simple, qui ne dépassait jamais les 100 francs malgré l’abus de vin que nous faisions régulièrement.

C’est vrai, ça fait du bien d’en parler. Ce sont des choses qui font partie de nous, de notre patrimoine personnel. De bons moments passés entre amis.

Mais c’est ça, il faut savoir remplacer nos anciens petits plaisirs par des nouveaux. Ça prend du temps, parce que ça prend de nouveaux repères, de nouvelles habitudes. Il faut le savoir ! Alors, peut-être que certains immigrants sont trop impatients et aimeraient se sentir réellement comme chez eux, c’est-à-dire avec des petites habitudes, des petits plaisirs et un cercle d’amis important. D’autres peut-être baissent les bras un peu trop vite en constatant le fossé de différences qui peut exister entre le Québec et leur terre d’origine. Ils se disent peut-être que l’adaptation complète est impossible tant le choc culturel est important. On sent parfois clairement le doute, l’incertitude qui alimentent la nostalgie… Car lorsqu’on n’arrive pas à s’accrocher à des choses concrètes au Québec, las, on finit par se raccrocher à des choses du passé.

Personnellement (je parle beaucoup de moi décidément !), j’ai eu la « chance » de bouger beaucoup géographiquement parlant, depuis mon plus jeune âge. Le travail de mon père nous forçait à aller d’un bout à l’autre de la France. Parfois c’est bien chiant, car faut recommencer pas mal de choses au départ : découverte d’une nouvelle ville, de nouveaux amis…

Vous voyez ce que je veux dire ? J’ai la chance d’avoir eu l’habitude de changer de place, un sacré avantage lorsqu’on décide de changer de pays. Même si le choc culturel reste bien présent tout de même.

Et puis Montréal est une grande ville, même s’il y a moins de monde qu’à Paris… Mais ce qui compte, c’est la qualité, pas la quantité, car ce sont les Québécois qui ont fait que je me suis décidé à m’installer ici. Les Québécois, un peuple vraiment à part, sympathique, accessible, pas compliqué et plein de bon sens.

Montréal aussi, et sa diversité, où l’on trouve tout (ou presque). Où lorsque je suis dans une période de bleus (principalement après avoir vu un film d’Audiard), je peux trouver une rosette de Lyon, des rillettes tout à fait honnêtes, un camembert, une bonne baguette et un bon vin. Une fois de temps en temps, qu’est-ce que cela fait comme bien !

Par contre, comme je le disais plus tôt, j’ai d’autres petits plaisirs. Le déjeuner le matin avec mes deux Å“ufs retournés, mon bacon et mes patates, par exemple.

Quoi de plus jouissif qu’une balade à Montréal (ou ailleurs) pendant ou juste après une bonne chute de neige ? Ce décor renouvelé qui étouffe les sons, les arbres squelettiques recouverts de neige… Un vrai décor de carte-postale, mais que nous côtoyons à chaque chute de neige.

Ce plaisir de passer un bon moment entre amis dans une cabane à sucre, à écouter des chansonniers du cru, armés de violons et d’accordéons. Dégustant nos plats de beans au sirop d’érable, nos oreilles de christ, sans oublier la célèbre tire dehors sur la neige. Ça vaut bien un plat de cochonnaille de chez Denise dans le quartier des Halles ça !

Les multiples festivals en plein air été comme hiver. Le festival de Jazz, les francofolies, le FFM, etc.

Et il y aurait bien d’autres choses à dire !

C’est un peu pour ça que, même parti en vacances une semaine en France, Montréal fini toujours par me manquer avant même la fin de mon séjour ! De la même manière, il y aura toujours des choses qui me manqueront de la France… quoi de plus naturel ?

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Un autre chapitre commence

Je me retrouve une dernière fois devant cette fameuse page blanche. Une dernière fois, je vais vous livrer ma chronique mensuelle. Je vois déjà certains pousser un soupir de soulagement « Enfin ! Ce n’est pas trop tôt ! ». D’autres auront sans doute quelques regrets.

Un peu comme tous les autres chroniqueurs qui ont, un jour, raccrochés leurs patins, je ne peux plus vraiment me considérer comme un « nouvel arrivant », alors que cela fait déjà trois ans que je vis ici. Je n’ai plus vraiment ce regard neuf et émerveillé, qui sied si bien à l’équipe des chroniqueurs du site. L’intérêt étant de renouveler les expériences, d’apporter des témoignages neufs et pris sur le vif des nouveaux venus. Ce qui m’émerveillait est devenu mon quotidien, ce qui m’étonnait fait maintenant partie de ma routine. Il y a toujours de la place à des surprises, mais il y en a beaucoup moins pour l’inspiration du petit chroniqueur que je suis.

Un bilan alors ?

J’aime à me rappeler certains moments de profonde béatitude, où je me prenais à rêver à mon futur pays, tout en écoutant une toune des Colocs ou de Charlebois. J’étais à Paris, mais déjà mon cÅ“ur se trouvait un peu plus à l’Ouest. Que de chemin parcouru et en si peu de temps ! J’ai parfois même l’impression de parler d’une vie antérieure ! Y’a t-il un psychanalyste dans la salle ?

Comme je le dis depuis longtemps, je suis heureux et épanoui au Québec. Peut-être pas vraiment plus riche, peut-être pas encore avec la job rêvée, mais avec un esprit beaucoup plus léger et un extraordinaire bien-être. Le Québec m’a apporté tout cela, et à mes yeux, il n’y a que cela qui compte vraiment.

Mon intégration, même si je doute qu’elle puisse se terminer un jour, est sur la bonne voie. Il reste encore des choses à faire, mais je me sens ici vraiment chez moi. En plus, chaque jour que je passe à Montréal me fait aimer encore plus cette ville. C’est étonnant de voir tant de diversité et l’on peut tomber sur des choses ou des personnages vraiment surprenants, au détour d’un simple coin de rue. Montréal a quelque chose de magique et, en plus, même si c’est une grande ville, j’ai du mal à vraiment la prendre pour ce genre de ville nord-américaine, impersonnelle et populeuse tellement Montréal est diversifiée et… humaine !

J’ai vraiment l’impression d’avoir été adopté par le Québec et je me fonds vraiment dans cet environnement. Cela fait environ deux ans que l’on ne me prend plus pour un « simple » touriste, à part peut-être quand je me retrouve avec la sympathique petite gang de nouveaux arrivants ! Ah ah ah ! Sérieusement, le vocabulaire évolue, peut-être aussi l’intonation des mots, l’accent français s’adoucit et aide, je crois, à passer pour un résident de Montréal, avant de passer pour le Français égaré dans ces fameux « arpents de neige », comme jadis le disait Voltaire.

Certes, on me voit et l’on me verra toujours comme l’immigrant Français, mais où est le mal puisque c’est la vérité ? Une bonne intégration ne signifie pas qu’il faille passer pour un Québécois, mais plutôt d’être en parfaite harmonie avec ce qui nous entoure. La difficulté, c’est d’arriver à trouver un juste équilibre entre le fait qu’on vous prend déjà pour un Québécois en France et que vous resterez un Français au Québec. Où suis-je vraiment ? Qui suis-je en fait ? L’immigrant ne serait-il pas un peu schizophrène ? Québécois certains jours et Français la plupart du temps ?

Pour ma part, je pense que le mieux et de ne même pas se poser de question et de tout simplement se laisser aller !

Reste pour l’intégration : une plus grande maîtrise de l’anglais, passer mon permis de conduire, acheter un char… ;o)

L’aventure immigrer.com

Le site restera toujours lié à mon immigration et, même si je l’ai découvert en cours de procédure, il m’a aidé à mieux connaître les habitudes québécoises et surtout, à comprendre comment ça se passait une fois « là-bas ». Les témoignages de personnes déjà au Québec m’ont été d’un grand support. C’est aussi pour cela que je serai toujours présent, à hanter le forum qui nous est tous cher. Il peut bien évoluer, changer, bouger… cela sera toujours une immense richesse pour ceux qui y sont, et ceux qui rêvent d’y être ! (Je parle du Canada là, pas du forum !).

J’ai aussi adoré écrire toutes ces chroniques (près d’une quarantaine !) et si cela a pu vous faire un peu connaître le Québec et les Québécois, l’objectif aura été atteint ! Cela aura été un véritable plaisir de répondre à l’invitation de Laurence, et d’écrire toutes ces chroniques, même si certaines d’entres-elles « fessaient un peu dans l’dash », je le reconnais !

Mon pari était de vous parler le plus souvent de sujets de fond : de l’intégration d’un nouvel arrivant, à l’hiver, en passant par la défense de la langue et le monde du travail. Car, il faut bien le dire, je ne me voyais pas vous parler de moi et de ma vie ici. J’aurai vite trouvé ça plate voire même carrément sans intérêt. Je vous ai parlé un peu du monde du travail à travers mon expérience, cela fût bien assez je trouve. De plus, le côté « tranche de vie » est déjà très largement exploité sur le forum et de manière talentueuse par d’autres chroniqueurs du site.

Il est vrai aussi que certaines chroniques étaient plus polémistes que d’autres. L’objectif était de provoquer des réactions, mais surtout de faire réfléchir sans forcément chercher à convaincre. Évidemment, lorsqu’on use d’un ton polémiste, on suscite rarement l’indifférence ! La grande majorité du temps, le monde était suffisamment intelligent pour voir quel était le but de ce type de chronique, mais surtout, qu’il ne s’agissait que d’une opinion personnelle. Évidemment, il y en a toujours deux-trois qui se trouvaient un peu dans le champ, poussant même le vice jusqu’à envoyer des messages (souvent privés) contenant pas mal de frustration et d’insultes… Sans doute cherchaient-ils volontairement la pomme de discorde ?

Mais qu’importe ! Tout cela n’est pas bien grave, d’autres chroniqueurs sont passés par là, et d’autres y passeront encore aussi. Il y a eu le chroniqueur « agité », il y a le futur-ex chroniqueur « abrasif », il y aura peut-être un chroniqueur « décapant », qui sait ? ;o)

D’un autre côté, il y a eu surtout beaucoup de plaisir, beaucoup de très intéressantes discussions suite à quelques-unes de ces chroniques, que cela soit sur le forum ou « en vrai ». Et même si certains me reprochaient parfois de trop m’autocensurer (suivez mon regard ah ah !), cela ne m’a jamais empêché de dire ce que je pensais. Non pas parce que j’ai la science infuse, non pas que je sois plus qu’un « simple immigrant », mais parce que mon avis de nouvel arrivant désireux de m’intégrer, peut en aider quelques-uns, mais aussi, comme je le disais plus haut, en faire réfléchir. Si vous avez vu mes chroniques d’une autre façon, c’est que vous n’avez pas vraiment compris ma démarche. C’est bien dommage.

Je remercie donc Laurence et Laurent de m’avoir donné toute cette liberté d’expression et toute cette amplitude pour exprimer ce que je souhaitais. Je ne sais pas si cela a toujours été simple à gérer, mais avec le recul, il y a eu parfois quelques réactions bien cocasses et presque que de bons souvenirs.

Maintenant que mon formulaire de demande de citoyenneté est en cours de remplissage et qu’il partira dans le courant du mois d’octobre, je m’apprête à débuter un nouveau chapitre dans ma vie (vous vous souvenez lors de ma première chronique, je comparais la vie à un ouvrage ?)… Continuant l’aventure de mon immigration, je continuerai à vous faire part de mes sentiments, de mes impressions, de mes opinions… mais cette fois, en tant que Franco-Canadien.

Il était temps que je m’arrête. Mon inspiration manquait vraiment ces derniers temps, de plus, j’aimerais me consacrer encore d’avantage à mon site culturel que j’ai un peu mis de côté durant l’été. Sans doublier aussi de profiter de la belle saison qui va s’en venir vite… et moi, quand je parle de « belle saison », je parle de l’hiver !

En conclusion :

Je voudrais tous vous remercier. Oui, tous ! Que cela soit les présents, les absents. Que cela soit ceux avec qui je me suis un peu chicané, que ceux avec qui je partage pas mal les mêmes idées. Que cela soit les grands rêveurs, que les terre-à-terre. Bref, toute cette communauté loin d’être forcément homogène, mais partageant un point commun : vouloir vivre au Canada.

Sachez aussi qu’il n’y a jamais rien eu de personnel et même si certaines de mes chroniques ou certains des débats entamés sur le forum ont été chauds, ou au ton provocateur, j’ai toujours eu beaucoup de respect pour vous tous… Mis à part peut-être pour les adeptes des petites insultes, mais ils sont tellement rares et insignifiants, qu’ils ne cacheront jamais l’abondance de richesse dont vous faites tous partie.

Place maintenant à du sang neuf, à des chroniqueurs incisifs ou à des chroniqueurs plus mesurés, qu’importe ! Je sais qu’ils apporteront beaucoup, comme vous tous !

Non, ce n’est pas un adieu définitif, même si ça en a un peu l’air. Je serai toujours présent sur le forum (et sur les ondes de Fréquence Caribou, ou de Fréquence Orignal pour Peanut), prêt à aider, que cela soit d’une manière ou d’une autre. Je tenais juste depuis longtemps à vous dire tout cela, car le succès d’un site comme celui-ci, ce n’est pas simplement le fait qu’il puisse y avoir des administrateurs, des modérateurs et des chroniqueurs, c’est aussi parce que vous y êtes présents !

Alors bon courage à toutes celles et ceux qui veulent immigrer. Sachez que ce pays et ses habitants en valent vraiment la peine !

Et n’oubliez pas : notre vie, on ne la recommence jamais, on la poursuit ; il n’y a que la destination qui a changé !

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Question de « parlure »

Il y a un certain temps, j’avais parlé des 25 ans de la Charte de la langue française, plus connue sous le nom de ‘Loi 101′. Maintenant, je vais poursuivre un peu sur le sujet mais cette fois, en parlant plutôt du langage et de la manière de parler au Québec.

Avant toute chose, j’aimerais juste commencer par une mise au point. La langue québécoise est une réalité. Elle a sa propre existence et sa propre histoire. Elle n’a pas attendu l’arrivée des immigrants Français pour subsister, ni l’anachronique Académie française pour s’aligner sur les derniers ‘parisianismes’ à la mode. Le québécois est une variante du français, il faut le prendre comme tel et pas autrement. Il n’y a pas grand-chose qui m’agace plus qu’un Français (ou autre), qui va se plaindre à répétition de ce qu’il considère comme des ‘approximations linguistiques’. La langue québécoise a évolué seule durant plus de 250 ans, loin de Paris, loin de la France. Seule, elle a évolué et lutté pour sa survie. Il est donc bien normal qu’elle ait suivi parfois des chemins différents que le sacro-saint ‘français de France’.

Certes, il subsiste quelques problèmes au niveau de l’apprentissage de la langue. Comme partout, les systèmes éducatifs doivent s’adapter et se réformer. Les problèmes liés à la maîtrise de la langue en France sont aussi de plus en plus d’actualité selon les endroits et le type d’établissement. Des améliorations sont à apporter au Québec, mais cela ne se fera pas sans une volonté politique et populaire.

Le joual

Le joual est sans aucun doute l’un des aspects de la langue québécoise le plus connu. Le terme ‘Joual’ vient de la déformation du mot ‘cheval’ (le « v » étant prononcé comme le « w » de watt ou de Waterloo). D’ailleurs, le joual est avant tout une question de déformation des mots, ainsi que l’utilisation d’anglicismes. On pourra parfois entendre des individus s’exprimer de la sorte : « On est badloqué en maudit ct’été ! À chaque fois que j’va dewors, v’là qui mouille à boire deboute ! Ast’heure, fa pô mal trop frette pour prendre une broue sur la galerie, on va bientôt devoir faire partir le foyer ! ». L’utilisation d’anglicismes tels que « badloqué » (malchanceux), mais aussi les sonorités empruntées à l’ancien français « deboute », « frette », caractérisent le joual.

Rassurez-vous, le joual n’est pas employé dans la vie de tous les jours et, la plupart du temps, on rencontre les personnes parlant le joual à l’extérieur des villes. Par contre, après un certain temps, on commence à le comprendre un peu. Ensuite, cela peut dépendre de l’accent.

L’accent

Un peu comme en France, en Grande-Bretagne et dans beaucoup d’autres pays, vous serez confrontés au problème de l’accent. Car à l’instar de la France, il n’y a pas que l’accent de Céline Dion ou d’Isabelle Boulay au Québec, il y a une multitude d’accents différents qui peuvent parfois poser des problèmes de compréhension, même pour les Québécois pure laine !

Habitué à l’accent montréalais, vous serez un peu perdus en entendant l’accent gaspésien, ou encore, l’accent si particulier de la région du Saguenay – Lac Saint-Jean.

Il ne faut pas oublier aussi l’accent si particulier des jeunes ados qui, comme en France, ajoutent également un vocable original mêlé de nombreux anglicismes.

Faut-il s’intégrer par l’accent et la parlure québécoise ?
C’est très souvent une des préoccupations d’un certain nombre d’immigrants. Faut-il absolument essayer de « calquer » l’accent québécois pour être bien intégré ?

Soyons clairs tout de suite, immigrants de première génération, vous n’aurez jamais l’accent québécois. Un Québécois finira toujours par déceler une petite intonation française de France. Au mieux, vos interlocuteurs auront des doutes par rapport à vos origines. Certes, lorsque vous retournez dans votre pays, tout le monde vous dira, au bout d’un certain moment de vie au Québec, que vous aurez un accent québécois. Pour cela, il s’agira juste d’intonations, ou d’expressions spécifiquement québécoises que vous aurez assimilé, non pas du véritable accent.

En parlant d’expressions, sans forcément avoir l’accent d’ici, il est primordial de se mettre à la page. Il est certain qu’au début ça ne sera pas facile et que les Québécois vont s’amuser de vous entendre utiliser des expressions franco-françaises telles que « taff », « pile-poil » et tous les jurons si répandus en France. Mais il y a un moment, surtout au travail, où vous aurez envie d’être pris au sérieux sans forcément voir des sourires sur les faces de vos interlocuteurs. À ce moment-là, l’intégration par le vocabulaire sera très utile.

Tout comme la faute très française et, malheureusement, très répandue qui consiste à dire que l’on va « sur Montréal » à la place de dire « à Montréal ». Outre le fait que c’est une faute de français, cela trahira également vos origines. Comme quoi, il n’y a pas que les Québécois qui font des fautes ! À bon entendeur…

Imaginez maintenant un Québécois immigrant en France. Vous vous amuserez à l’entendre parler de « char », de « patente » ou de « mufler », de « pogner un flat »… mais, à un moment donné, il finira par utiliser les expressions locales. Déjà parce qu’il s’intégrera progressivement, mais aussi parce qu’il ne voudra pas toujours passer pour le Québécois de service qui fait sourire avec ses « drôles d’expressions ».

De la même manière, si vous partez vivre aux États-Unis par exemple, il deviendra judicieux d’utiliser les expressions locales courantes…

Un Français qui, au bout de quelques années, évite sciemment d’utiliser des expressions québécoises dans la vie de tous les jours, passera vite pour un réfractaire. En général, ce sont des personnes qui ont des difficultés d’adaptation et cela démontre un manque d’ouverture d’esprit, voire même d’intelligence.

Par contre, vu que nous parlons à l’origine, la même langue, on devient un peu confus lorsqu’il s’agit de retourner passer quelque temps en France. J’avoue que j’ai parfois des doutes quand à l’usage de certaines expressions et je me pose parfois la question de savoir si l’expression que je vais employer est française ou bien québécoise. Ce sont des situations assez curieuses je dois dire. L’autre jour, en parlant avec des amis Français, j’avais tout simplement oublié comment s’appelait le menu enfant « joyeux festin » du MacDo en France ! Le vrai blanc de mémoire… L’ironie, c’est qu’en France ils appellent ça un « Happy meal » !!!

Le vocabulaire québécois est assez simple tout de même, pas de grandes difficultés. Outres les anglicismes liés aux différentes tentatives d’assimilation des Anglais, mais aussi venant du vocabulaire technique (en particulier lorsque l’on parle de mécanique automobile), un certain nombre d’expressions viennent directement des premiers colons qui étaient, pour beaucoup, des navigateurs. Ainsi, on ne descend pas, on ne monte pas dans une voiture ou dans un métro, on embarque ou l’on débarque !

Pour nettoyer, on passe la vadrouille sur le plancher. Ou encore, on est bien greyé (gréé) quand on est bien vêtu. On ne range pas les objets, on les « serre »… car dans les bateaux, il fallait bien attacher le moindre objet rangé dans les placards, afin qu’ils ne se brisent pas selon les « faveurs » de la mer.

Il y a aussi le vocabulaire très imagé, tout en étant parfois à la limite de la familiarité, mais qui sont d’un emploi courant au Québec.

Mes favoris :

Pelleter la neige avant qu’a soit tombée : vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Garocher : lancer quelque chose (ou « se garocher » : tomber).
S’enfarger : se prendre les pieds dans quelque chose.
Se tirer une bûche : prendre une chaise.
Le pêteux : un peu vulgaire, signifiant les fesses.
Les cigarettes à plûmes : les cigarettes fabriquées par les autochtones.
Un robineux : un ivrogne, généralement un clochard.
Avoir de l’eau dans sa cave : se dit lorsqu’on a des pantalons un peu trop courts.

Beaucoup de termes qui peuvent parfois venir des anciens dialectes parlés dans certaines régions françaises. Surtout lorsque l’on parle du « T » prononcé à la fin de certains mots comme : icitte (pour ici), nuite (pour nuit), bouette (pour boue), être allé au boute (au bout)… Parfois, le « T » sera curieusement mis à la fin de termes qui n’en ont pas du tout. Les exemples les plus répandus : cette tomate est pourrite, ou encore, il fait frette cet hiver ! Sans oublier le « tickette », qui est une contravention : « Ça n’a pas d’allure ! J’ai pogné un tickette en m’en venant à job ! ».

Féminisation des termes

Beaucoup de termes anglais n’ont pas le même genre en France et au Québec. L’exemple le plus connu reste « la » job. Qui a tort ? Qui a raison ? Personne évidemment, puisque la langue anglaise ne définit pas les genres. De la même manière, on achète une passe de métro, on utilise une patch pour arrêter de fumer, une sandwich, on mange une Mars (le terme barre est sous-entendu, car on parle d’une barre Mars)… Sans oublier des fautes qui se sont infiltrées dans la langue comme : une belle avion, de la bonne air fraîche, etc.

Il est clair qu’il y aurait encore beaucoup à dire sur la langue québécoise. Surtout ses expressions si populaires, mais vu que de nombreux sites et ouvrages en font mention, inutile de faire un catalogue qui serait, de toute façon, très incomplet.

Pour ma part, je laisse les choses aller naturellement. J’aime les expressions québécoises et je les assimile avec une grande facilité… pour ce qui est de l’accent, je ne fais pas plus d’effort pour garder mon accent de France que pour assimiler celui du Québec. Il est clair que plus vous serez ouvert sur votre environnement et sur cette superbe culture québécoise, plus il sera simple pour vous de vous intégrer… que cela soit par le langage que socialement parlant.

C’est bien beau d’être Français (je dis Français, mais je pourrais aussi parler des autres) et de vouloir préserver sa culture, mais c’est tout de même au Québec que nous avons choisi de vivre et de travailler.

Voilà, j’espère que vous avez eu du plaisir à me lire et que vous en savez un peu plus sur la parlure québécoise… Je vous donne rendez-vous pour ma prochaine chronique, le 15 septembre, vous verrez que cela sera une chronique bien particulière !

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Être Français au Québec

L’anniversaire de la prise de la Bastille à peine passé, cela aurait été dommage de ne pas en profiter pour parler des Français installés dans l’ancienne Nouvelle-France. Ceci n’ayant rien de bien scientifique, il s’agira plus de parler d’impressions et d’opinions, comme à mon habitude d’ailleurs (je dis juste ça pour les rares qui n’auraient pas encore compris le principe des chroniques).

Alors, être Français au Québec à quoi ça ressemble ? Comment ça se passe ?
Il est clair, soyons francs, que l’immigrant Français au Québec est sans aucun doute l’immigrant qui a le plus d’atouts pour réussir sa vie ici. D’ailleurs, les récents chiffres publiés par le quotidien La Presse le prouvent, les Français au Québec sont ceux qui ont les meilleurs emplois et qui réussissent le mieux parmi l’ensemble des immigrants.

Mais est-ce bien surprenant ? Francophones dès la naissance, issus d’une société occidentale à l’éducation relativement comparable (j’ai bien dit « relativement »), les Français sont les immigrants qui se rapprochent le plus de la population locale. Attention cependant, le fait que nous nous rapprochons le plus des Québécois ne veut absolument pas dire que nous sommes pareils ! Loin de là ! Nous en parlons souvent, mais le fameux choc culturel que ressentent les Français au Québec n’est pas à négliger, même s’il est souvent moins important que pour des immigrants originaires d’Afrique ou d’Asie, par exemple.

Donc, pour réussir, les Français ont de bonnes cartes en main, le tout étant de bien savoir les utiliser. Un informaticien qui s’installe à Québec ne réussira pas forcément à obtenir une job, juste parce qu’il est Français, alors que les Québécois eux-mêmes ont beaucoup de mal à en trouver une fois sortis du grand Montréal.

D’ailleurs, en parlant d’immigrants, les Français sont-ils considérés de la même manière que les autres ? Même si j’ai un petit avis sur la question, il était plus juste de le demander à des collègues et à des amis Québécois. La réponse fut unanime : les Français sont vraiment dans une catégorie à part, rien à voir avec les autres immigrants. On m’a parlé de nos origines communes qui font que nous ne sommes pas tout à fait des étrangers, ou plutôt, les moins étrangers des immigrants.

De par ses liens avec le Québec issu de ses origines communes donc, les Français auront toujours une place à part, même si cela se traduit par un mélange d’amour et de haine qui a diverses causes.

Par contre, à de très rares exceptions près, un Québécois ne perçoit pas chaque Français forcément comme un « maudit Français ». On s’en rend vite compte en vivant ici, les Québécois n’ont pas beaucoup de préjugés et préfèrent, dans bien des cas, observer pour se faire leur propre opinion.

Tout est une affaire d’attitude et d’ouverture d’esprit. Il est évident que si vous vous sentez supérieur, que vous bousculez un peu les manières de faire ou de penser d’ici et que vous souhaitez étaler votre culture à tout bout de champ, sans qu’on vous le demande, vous allez vite vous retrouver avec cette fabuleuse étiquette de « maudit Français » qui sera bien méritée, croyez-moi !

Par contre, si vous vivez votre immigration comme un échange de richesses, du donnant-donnant en somme, cela se passera sûrement très bien. Concrètement qu’est-ce que cela signifie ?

Les Québécois sont curieux. Ils vont vous poser des questions sur vos origines, sur votre culture, sur les motivations qui vous ont poussées à venir au Québec… Ne cherchez pas des arrières pensées à ces questions, il n’y en a pas forcément (même rarement). Généralement, ils vont aussi vous raconter avec fierté, que leurs ancêtres viennent du Poitou, de Bretagne ou de Normandie. Vous parler va leur permettre de se rapprocher un peu de leurs racines. Pas étonnant, vu comme ça, que les immigrants Français soient un peuple bien particulier à leurs yeux.

Les Québécois vont donc en profiter un peu pour vous « sonder » et essayer de mieux vous connaître. À partir de là, ils pourront se faire une idée plus précise et vous inclure (ou non) dans la catégorie des « maudits Français ».

Il faut dire que pour un Québécois, un Français qui immigre au Québec reste un mystère (surtout si ce Québécois n’a jamais mis les pieds en France). La France, reste un rêve pour chaque Québécois qui se respecte. Parlez un peu de Paris, par exemple, et vous verrez votre interlocuteur vous dire qu’il aimerait vraiment visiter cette ville avec les yeux qui brillent. La France reste un pays occidental et développé ainsi, ils ne comprennent pas que l’on puisse la quitter pour s’installer dans un pays où il fait –30°C en hiver et qui n’a pas la beauté des villes européennes. Là, il faudra parler de ce que vous ressentez et de ce que vous cherchez ici.

Pour ma part, la mentalité québécoise, le climat et la manière de travailler sont des raisons suffisantes pour me faire aimer ce pays et y rester.

En résumé, mais cela est valable pour tous les immigrants, si vous êtes bien ouverts, que vous vous accommodez bien à la mentalité du Québec et que vous n’imposez pas vos us et coutumes aux autres, vous allez voir que vous allez être vraiment apprécié.

Chronique parue sur le site immigrer.com

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Repartir à zéro ?

Cela fait partie des lieux communs que vous entendez, ou que vous entendrez souvent en tant qu’immigrant, de ces idées qui ont la vie dure et qui, à la longue, peuvent parfois même agacer. La fameuse idée préconçue qui consiste à croire qu’en immigrant on recommence sa vie à zéro.

Début novembre, lors de mon séjour en France, j’ai encore eu droit aux questions d’usage : « pas trop froid au Québec ? », « tu as ramené du sirop d’érable ? »… puis la fameuse question inéluctable : « pas trop difficile de repartir à zéro ? ». Hum…

Il est clair que sur un certain nombre d’aspects, il est exact qu’en tant qu’immigrant, on part de rien, ou de pas grand chose. Au niveau social, il faut construire un cercle d’amis, au niveau de l’expérience professionnelle « locale », au niveau des mÅ“urs qui diffèrent beaucoup de l’Europe… Ce qui est plus gênant, c’est que la question est posée de telle manière qu’elle laisse croire, qu’en immigrant, on remet tous les compteurs à zéro et qu’on recommence une nouvelle vie. La méthode forte en somme.

J’ai souvent eu l’occasion de le dire, mais aussi de l’écrire dans ma première chronique il me semble, mais la vie est à comparer avec un livre, ou plutôt un ouvrage (le double-sens me plaît beaucoup). Chaque étape de la vie est un nouveau paragraphe, ou même un nouveau chapitre. Le fait de tourner une page n’a jamais effacé celles qui la précédait. Tout ce qui s’est passé auparavant est encore là, sous la main.

L’expérience professionnelle, mais aussi l’expérience de vie que vous avez pu acquérir dans votre pays d’origine, vos souvenirs, vos émotions, votre philosophie, vos valeurs, votre perception des choses sont encore en vous. Et même si certains de vos acquis devront s’adapter à la mentalité d’ici, les fondements resteront souvent les mêmes.

Tout cela fait de chaque individu, une richesse. C’est aussi pour cela que le Canada et le Québec souhaitent accueillir des immigrants. Ils vous ont choisis, ou vous choisirons, parce qu’ils pensent que vous pourrez apporter quelque chose au pays, en fonction de ce que vous savez faire, en fonction de vos capacités, de votre adaptabilité. Et tout cela, c’est de part votre vécu que vous les avez obtenus.

En échange, le pays vous apportera une qualité de vie incomparable, une tranquillité d’esprit et surtout, la sécurité qui fait bien défaut du côté de l’Europe. Pour d’autres, le pays apportera simplement la paix qu’ils n’ont pas toujours forcément connu auparavant.

Donc, toute cette richesse que nous avons en chacun de nous, contribuera à faire avancer le pays ou, plus modestement, les entreprises dans lesquelles vous pourrez travailler. Tout comme l’on fait ceux qui vous ont précédés et tout comme le feront vos enfants.

Notre vie, on ne la recommence pas, on la poursuit ; il n’y a que la destination qui a changé !

Chronique parue sur le site immigrer.com

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Détachement

Nous parlons souvent ici de l’intégration, des difficultés que les immigrants peuvent rencontrer en arrivant au Québec et au Canada. Certes, il est vrai que l’intégration est l’étape la plus difficile lorsqu’on arrive ici, mais il faut également parler des liens que l’on conserve (ou non) avec son pays d’origine.

En posant ses valises dans son nouveau chez-soi, on s’imagine souvent qu’avec les nouvelles technologies (Internet et satellite), qu’avec la baisse des tarifs téléphoniques d’outre-mer, on puisse conserver de forts liens avec ses amis, mais aussi continuer à rester informer de ce qui se passe dans votre pays. À court terme, c’est possible. Mais le lien se brise, au moins en partie par la suite.

Au début du mois, je suis parti dix jours en France, visiter ma famille et également passer quelques jours avec des amis et des anciens collègues. En me baladant, je tombe sur une publicité de « Télé Poche » ou autre « Télé 7 jours » sur laquelle on lit « Jennifer, les raisons de son absence »… et de me dire en moi-même « mais c’est qui donc cette Jennifer ? ». Plus tard, lassé par une journée de visites, profitant d’un magnifique soleil normand, j’allume la télé et regarde une émission de variété. On y parle d’humoristes dont je n’ai jamais entendu parler, mais « ils remplissent les salles en ce moment lors de leur tournée » assure la présentatrice. Je suis bien content pour eux !

Ouf ! En utilisant la zappette, je découvre que Michel Drucker est toujours là. C’est presque un soulagement. Mais reste qu’il est assez incroyable de voir qu’on puisse facilement être déconnecté de son ancien pays et assez rapidement.

Mais tout ça reste très anecdotique. Néanmoins, il faut bien constater que plus le temps passe, plus on se détache de pas mal de choses.

En arrivant à Montréal, je me souviens que je consultais presque quotidiennement les sites Internet d’actualités françaises, histoire de me tenir au courant. Je ne ratais jamais une émission des « Guignols de l’info » en visitant le site de Canal plus, j’essayais de regarder le journal de France 2, retransmis sur TV5 ou RDI et j’achetais chaque vendredi le Figaro (édition du jeudi) pour pouvoir lire mon cher supplément littéraire hebdomadaire.

Aujourd’hui, j’ai abandonné toutes ces (mauvaises ?) habitudes. D’abord parce que je n’y trouve plus le même intérêt, puis aussi parce que je n’ai plus le temps. De plus, « les Guignols » sont devenus franchement nuls et ont perdu encore un peu plus de leur objectivité, puis de ce qui se passe en France, franchement, je commence à m’en foutre royalement !

Il est clair que lorsque l’on vit au Québec ou au Canada, on se préoccupe plus de l’arrivée de Paul Martin à la tête du Parti Libéral du Canada, que de l’augmentation des prix à la consommation en France. On s’inquiète plus de l’augmentation des prix des taxis québécois que du prix de la carte orange en Ile-de-France.

Tout cela reste très anecdotique, certes, mais cela reflète bien ce qui se passe pour chaque immigrant : on se promet de conserver un minimum de lien, mais la vie finit toujours par nous éloigner de toutes nos anciennes préoccupations. « Loin des yeux, loin du cÅ“ur », c’est un peu ça.

Aujourd’hui, je rigole en écoutant « les justiciers masqués » de CKOI, les anciennes blagues de RBO (Rock et Belles Oreilles) que j’affectionne beaucoup. J’attends maintenant avec impatience, sitôt l’été terminé, l’ouverture de la saison de hockey pour suivre l’équipe des Canadiens de Montréal.

En allant plus loin, ne pourrait-on pas dire que c’est un autre signe d’intégration ? Car vivre à l’étranger sans couper le cordon ombilical avec son pays d’origine ne serait pas un signe de repli sur soi ? Je n’en sais rien, ce sont des questions que je me pose. Mais, dans le fond, lorsque l’on choisit de vivre ailleurs, ce n’est pas, non plus, pour continuer à vivre comme si on était encore dans son pays d’origine. Non ?

Pour ma part, je souhaitais continuer à suivre ce qui se passait en France et, malgré cette volonté, je m’aperçois aujourd’hui que le cordon s’est brisé tout seul. Est-ce que je m’en plaints ? Pas le moins du monde.

Malgré tout, ce qui est vrai pour l’actualité est vrai aussi pour les amis. L’éloignement, le décalage horaire, fait que les contacts se font plus sporadiques et que les amis « d’ici » demandent aussi du temps que l’on consacre de fait moins aux anciens.

Détachement total ? Non ! Dimanche, je vais me lever très tôt pour suivre en direct le match de demi-finale de rugby sur SportsNet. Allez les petits ! Allez les bleus !

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Un souverainisme en panne

Il y a des sujets récurrents dans la vie politique du Québec. Parmi ces sujets, la souveraineté a une place de choix dans le cÅ“ur et dans l’esprit de nombreuses personnes. Débat passionné et même parfois passionnant, l’indépendance du Québec ne peut laisser indifférent, que l’on y soit favorable ou non.

Le Parti Québécois, actuellement au pouvoir dans la province, a été créé en 1968 pour un objectif : donner au Québec sa souveraineté. Pourtant, après deux référendums et de nombreuses années au pouvoir (de 1976 à 1985 et de 1994 à aujourd’hui), le PQ s’est institutionnalisé perdant, année après année, sa fougue indépendantiste au profit de vagues prises de positions anti-fédérales, dans le domaine de la santé et du déséquilibre fiscal.

Premier ministre du Québec et chef du Parti Québécois, Bernard Landry est loin d’avoir la stature d’un René Lévesque, ou encore la présence et l’assurance d’un Jacques Parizeau. Le mouvement s’essouffle, le discours est souvent confus et les dirigeants du PQ sont incapables de  » vendre  » l’idée souverainiste afin de séduire les Québécois.

La semaine dernière, le ministre de la justice Paul Bégin, jette une nouvelle pierre dans le jardin déjà bien surchargé de Bernard Landry, annonçant sa démission avec fracas. Selon lui, le Premier ministre du Québec est responsable de la chute de popularité du parti et n’est plus capable de rassembler ces 40% de Québécois fidèles aux idées indépendantistes.

On insiste donc à une curieuse cacophonie indigeste et obscure, hésitant entre l’indépendance-association avec le Canada, l’indépendance tout-court ou même une idée saugrenue de partenariat  » à l’européenne « , idée des plus surprenantes puisque ce concept est rejeté par les souverainistes européens depuis les accords de Maastricht en 1991.

Bref, la passion et l’intérêt pour l’indépendance du Québec qui avait été relancée avec force par le discours du général De Gaulle à Montréal en 1967, se diluent dans un conformisme bon teint. L’idée est toujours présente, mais le PQ ne personnalise plus cet engouement populaire, ce qui provoquera, sans aucun doute, sa perte aux prochaines élections générales.

Dénué d’un programme gouvernemental clair, dépourvu d’un courant intellectuel structuré, sans stratégie de communication, le Parti Québécois a maintenant besoin de faire sa  » révolution tranquille « , s’il ne veut pas faire partie de ces icônes du passé dont les livres d’histoire sont remplis.

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Sécuritaire

Il y a beaucoup de termes que j’ai appris depuis que je connais le Québec. Beaucoup de mots que, naturellement, j’emploie de plus en plus au contact des Québécois. Parmi ces mots, il y a le terme « sécuritaire ». C’est un terme de la langue française, ce n’est donc pas un néologisme local. Reste que ce mot est employé tellement souvent ici qu’il apparaît presque comme une spécificité québécoise. On parlera ainsi de voiture sécuritaire, de placements sécuritaires, de comportements sécuritaires, etc.

Mais le terme prend toute sa dimension lorsque l’on met le nez dehors. Après six années passées à Paris, puis dans d’autres grandes villes françaises, la méfiance était devenue comme une seconde nature, un véritable instinct ! Ce n’est pas par hasard que l’insécurité soit désormais la principale préoccupation des Français.

Ici, pas de voitures incendiées, pas d’émeutes (si l’on met de côté un concert rock il y a quelques années), pas d’attaque de fourgons blindés, pas ou peu de vandalisme. Les cabines téléphoniques fonctionnent encore toutes à pièces de monnaie et elles sont en parfait état.

Car l’insécurité née d’un sentiment. Je m’explique : même si vous n’avez pas été sujet à une agression, si vous constatez des marques de violence dans votre environnement, vous allez naturellement avoir une certaine appréhension. Par contre, si tout autour de vous semble en ordre, vous n’aurez pas de raison d’avoir peur. J’avoue que même à Montréal, je me sens en parfaite sécurité, donc, vraiment libre de tous mes mouvements !

Moins de violence, moins de peur, moins d’affrontement… Ca change la vie ! Y-a t-il pour autant moins de liberté et plus de policiers ? Justement pas ! Je m’étonne de voir si peu de policiers dans les rues, à se demander presque s’il se passe quelque chose en ville ! D’ailleurs, en regardant le journal télévisé, on voit bien que la violence est quasi absente ! On parle de choses dramatiques, telles qu’un enfant battu ou un père qui tue sa famille. Des sujets graves mais qui ne feraient qu’un passage éclair au journal de TF1… Ici, ca vaut un reportage de 10 minutes ! Oh ! Heureusement pour le Journal de Montréal et pour TVA, il y a les gangs de motards pour vendre leur soupe, sans cela, je ne sais pas ce qu’ils deviendraient eux-autres !

Chronique parue sur le site immigrer.com